Philipe Tomlinson a été élu à la mairie d’Outremont sous la bannière de Projet Montréal il y a trois mois maintenant. La date symbolique des « Cent jours » lui donne donc l’occasion de faire le point avec le Journal d’Outremont sur les pre-mières semaines de sa mandature.

Père de deux enfants de 6 et 3 ans, Philipe Tomlinson habite Outremont depuis une douzaine d’années. Il s’est lancé en politique pour « bonifier le quotidien des Outremontais », explique-t-il. « Ce quotidien est quand même très bien, admet le jeune maire, mais il y a beaucoup de choses à améliorer. La population change; il y a beaucoup de jeunes et de jeunes familles. Les services existants les concernant doivent être bonifiés; il y a encore beaucoup à faire en termes d’aménagements et de projets, notamment pour les jeunes de 0 à 18 ans. »
Avec un conseil renouvelé, le maire a la volonté de mettre l’emphase sur de meilleurs services, dans une optique plus globale, « ainsi l’apaisement de la circulation, par exemple, permet de veiller à la sécurité des rues et de tous les citoyens, car c’est bon pour tout le monde et tous les âges… »
Premières décisions
La première chose qu’on a faite, c’est la rédaction d’une planification stratégique pour les quatre prochaines années, explique le maire Tomlinson, afin de mettre nos idées en priorité, mais aussi donner des commandes claires à nos employés. Il est question de :
- Mettre en place d’ici 2021 le concept d’arrondissement intelligent. On a rencontré une firme qui offre une application pour l’ensemble des services qu’une ville aurait besoin pour communiquer avec ses citoyens : parcomètres, sondages, gestion des permis, des cartes de loisirs. On regarde ce qui peut s’appliquer à Outremont et selon quel budget.
- Rapprocher les citoyens de la prise de décision par la création de plusieurs comités de travail, qui s’ajouteront au Comité consultatif d’urbanisme (CCU) et au comité Circulation et stationnement, issu du mandat précédent, mais qui reste pertinent (lire l’encadré).
- Mieux gérer le traitement des plaintes et suivis. Les citoyens doivent pouvoir joindre leurs élus par courriel avec un accusé de réception systématique de leur demande afin qu’ils sachent qu’on en a pris bonne note en attendant une réponse plus détaillée.
Parallèlement, la nouvelle équipe municipale a statué sur…
Une position forte en faveur du logement social, notamment pour redonner à la coopérative d’habitation Le Suroît toutes les opportunités d’un projet le plus viable possible.
- La révision de la période de questions au conseil. « J’ai réalisé une chose au cours de ma carrière professionnelle : la salle du conseil, c’est un peu la maison des citoyens. Il faut que ce soit le plus simple possible, il faut qu’ils s’y sentent bien, chez eux, et leur laisser le temps de s’y exprimer. Mais nous devons travailler pour que ce ne soit pas le seul espace de rencontres, d’interpellation et de questionnement des responsables locaux. »
Une nouvelle vision de «la job»
Ces trois premiers mois ont été riches en révélations, admet le nouveau maire. « La majorité des citoyens se font une idée de la politique. Il faut avoir vécu la politique pour bien la comprendre. Œuvrant dans le secteur des affaires publiques, j’ai eu l’opportunité de travailler pendant 25 ans dans les relations gouvernementales et donc de côtoyer la vie politique. Mais il y a tellement de choses que je découvre tous les jours, comme la gestion du personnel par exemple. »
« On croit qu’un politicien est là pour donner ses idées, mettre en valeur ses orientations. Mais c’est plus que ça. La machine montréalaise est une grosse «machine» avec ses particularités, ses façons de faire et il faut œuvrer dans ce contexte-là. Dans le cadre de mon travail, j’ai pu comprendre la valeur d’avoir de bonnes relations avec les politiciens. Cela m’a beaucoup aidé quand je suis arrivé en poste. Mais la machine n’arrête jamais, même pour une campagne électorale… »
Rebâtir le lien de confiance
« Et cette machine, ce sont des gens, souvent des spécialistes, extrêmement dédiés et dévoués à leur fonction où ils font preuve d’une grande volonté pour faire avancer les choses, avec un grand sentiment d’appartenance à Outremont », affirme Philipe Tomlinson. « En arrivant à la mairie, nous avons constaté qu’il fallait rebâtir le lien de confiance entre les élus et les employés, peu choyés auparavant en termes de vision mais aussi de valorisation de leur travail. Je veille à les remercier et chaque lundi matin, je salue chacun d’entre eux. «C’est la première fois qu’on voit un maire dîner à la cafétéria», m’ont-ils dit quand j’ai lunché avec eux ».
« On savait tous que l’ancien conseil était dysfonctionnel; on n’en connaissait pas les effets négatifs », développe l’élu. « Les services d’Outremont, soit 125 personnes, travaillent pour l’arrondissement sur deux fronts : la gestion quotidienne et la planification. Les services ont donc continué à fonctionner. Étant des experts de leur secteur, ils ont compris qu’il y avait des changements à faire, des règlementations d’urbanisme à revoir, etc.; ils ont tout préparé sur des changements très spécifiques, mais ces dossiers - des priorités pour eux aussi - n’ont jamais été présentés au conseil parce qu’ils savaient que ce serait une foire d’empoigne plus qu’autre chose. Des bons dossiers structurels intéressants mis en attente sur la tablette en attendant le bon moment pour les présenter ! C’est tout à leur honneur d’avoir poursuivi ce travail tout en sachant qu’ils n’obtiendraient pas l’aval final de leur conseil à l’époque. »
« Ce fut donc ma plus grande surprise quand, nouvellement élus, nous arrivions avec notre liste d’épicerie, alors qu’eux aussi avaient déjà leurs priorités. On est donc dans le processus de travailler tout cela ensemble. Pour instaurer un bon climat de travail, c’est mon rôle de reconnaître la valeur de leur travail, et je suis heureux de constater qu’ils ont une bonne idée de nos orientations et de notre façon de voir la ville à l’échelle humaine. C’est très valorisant de voir comment ces gens, dans l’ombre, portent Outremont, et nous devons ensemble veiller à ce que nos services se déroulent bien. »
Entre l’urgence et la nécessité
« Une grande partie de ce personnel dispose d’un emploi permanent versus les élus qui ont une date de péremption », sourit-il. « Nous avons le même but, le même objectif, mais l’approche est différente entre l’urgence et la nécessité. » Selon le maire Tomlinson, la «machine» renvoie ça : il y a des méthodes de fonctionnement qui obligent à prendre son temps pour faire les choses correctement. « Un arrondissement a certains pouvoirs. Pour le reste, il faut quémander à la Ville-centre : ce qui prendrait deux semaines à l’arrondissement peut prendre deux ans à la Ville ! On ne peut pas aller aussi vite qu’on le voudrait… »
Il donne pour exemple la disparition possible de deux CPE (Centres de la petite enfance) qui doivent quitter les locaux (Écoles PGLO et Lajoie) parce que la CSMB (Commission scolaire Marguerite-Bourgeoys) a grand besoin d’espaces pour ses élèves (50 nouveaux élèves par semaine, principalement issus de l’immigration). « Nous travaillons sur un échange de terrain avec la Ville, ce qui implique deux ans d’attente quant à la décision, alors que l’échéance est dans un an… »
Un budget contraint par les échéances
« Une autre grande surprise, c’est de voir tout ce qui a rapport au budget. Il faut bien comprendre que c’est quelque chose d’imposant », précise Philipe Tomlinson.
« Avant l’élection, on n’a aucune idée des budgets à part ce qu’on peut trouver sur les sites. Un budget, c’est tout un labyrinthe. Le budget d’une année se planifie 8 mois à l’avance. Or, arrivés en poste le 16 novembre, nous devions voter le budget annuel dès la mi-décembre, donc ce n’est pas vraiment notre budget, rappelle le maire. De mars à août prochain, nous commencerons les prévisions 2019 alors que nous commençons à peine l’exercice 2018… »
Rappelons que « la dotation de la Ville est de 15M $ pour 2018. 70 % de cette somme sont des salaires. L’administration Plante veut revoir le financement des arrondissements en leur laissant plus d’autonomie », affirme l’élu.
Selon le maire d’Outremont, les prochaines décisions concerneront les investissements dans les organismes locaux afin de les aider à se faire valoir; la rénovation prochaine de la Maison des Jeunes, et la mise à jour de la règlementation des permis de terrasses pour permettre l’installation de terrasses sur le domaine public.
Quatre comités citoyens
« Ces comités travailleront sur des mandats », précise Philipe Tomlinson. « Ainsi le comité de Bon voisinage aura comme premier mandat de créer une table de concertation pour les relations avec les voisins hassidiques. Un autre mandat de ce comité pourrait être de revoir la règlementation sur le bruit, par exemple ». Dans chaque comité siègeront un élu, un fonctionnaire et plusieurs citoyens. Leur nombre reste à définir selon le mandat du moment et leur expertise pourrait évoluer selon le sujet traité. Chaque comité disposera d’un siège représentant les jeunes et veillera à ouvrir un siège pour un expert ou un chercheur concerné par le mandat. « Par exemple, quand un comité travaillera sur la forêt urbaine, j’espère que des horticulteurs rejoindront ce comité », argumente le maire. « Outremont doit profiter de l’expertise de ses citoyens. Chaque citoyen aura ainsi de bonnes raisons de s’impliquer dans son domaine pour que ces comités soient plus efficaces. On veut que les comités nous aident à la prise de décisions. » |
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