Pour mieux connaître l’arrondissement d’Outremont et la ville qui l’a précédé, le Journal d’Outremont propose un bref retour dans l’histoire.
Quelque 600 arpents de neige, et une riche forêt à l’état naturel. C’est le début d’une belle histoire, celle d’Outremont. En 1694, deux familles, les Tessier et les Gervaise, achètent de messieurs les Sulpiciens, seigneurs de l’Île de Montréal, un grand territoire sauvage situé de l’autre côté de la montagne, dans le but de le défricher, de le mettre en valeur et de s’y établir. Ils l’aménagent en six fermes de cent arpents carrés chacune. Cette surface qui occupe les deux-tiers de la superficie de l’arrondissement actuel, prend le nom de Côte-Sainte-Catherine. L’histoire débute un siècle et demi après la découverte du Canada par Jacques Cartier et 50 ans après l’arrivée de Maisonneuve à Montréal.
Une destination rurale
Le territoire est resté à l’état de rang de campagne durant les décennies suivantes. À partir de la conquête en 1763, plusieurs fermes de colons français changent de mains. Les nouveaux maîtres d’origine britannique, riches financiers et hommes d’affaire, viennent y ériger leur résidence secondaire. Alors que la ville de Montréal accélère son développement urbain et industriel à partir de 1830, la bourgeoisie se réfugie sur les flancs du mont Royal et s’y construit des manoirs à la campagne sur de grands domaines. Les premiers lotissements résidentiels font leur apparition. La majorité des nouveaux arrivants sont anglophones. Le lieu baigné de charme bucolique devient une destination pour les jeunes Montréalais qui amènent leur belle, le dimanche, faire le tour de la montagne en carriole. Puis, apparaissent progressivement sur l’itinéraire, des haltes, des points de ravitaillement et de divertissement, le début d’un petit village.
Les anglophones sont largement majoritaires. La proportion décroissante de francophones est compensée par la présence forte, dynamique et inspirante de Pierre Beaubien, médecin à l’Hôtel-Dieu et professeur à l’École de médecine et de chirurgie de Montréal. Il sera un des plus influents propriétaires terriens de l’époque et le premier du clan Beaubien à résider à Côte-Sainte-Catherine au milieu des années 1850. Son fils, Louis, sera un ardent défenseur de la reconnaissance civile de ce territoire qu’on surnomme déjà Outre-Mont.
Outremont devient une municipalité
En 1875, Outre-Mont passe la rampe de qualification pour devenir une municipalité puisqu’elle compte le nombre minimum de «feux», c’est-à-dire 36 maisons auxquelles on a dû ajouter, dit-on, quelques granges pour faire le compte du 40 requis. On estime à 300 le nombre de résidents à cette époque, une moyenne d’environ huit personnes par foyer.
Les années 1880 marquent un sommet quant à la prédominance du nombre de résidents anglophones qui atteint 80 % de la population. Jusqu’en 1910, tous les maires successifs sont de langue anglaise, les séances du conseil se tiennent en anglais et les procès-verbaux rédigés en anglais. Ce n’est qu’à partir de 1910, qu’Outremont verra son premier maire de langue française. Ce sera le début d’une longue tradition qui se maintiendra jusqu’à aujourd’hui. Fait à noter : les procès-verbaux ne seront rédigés en français qu’à partir de 1967.
Les mouvements urbanistes britanniques et américains d’avant-garde ont certainement inspiré la qualité de l’aménagement à Outremont dès le début. On doit notamment à leurs protagonistes le magnifique Cimetière Mont-Royal, le culte des espaces verts et dès 1879, l’introduction de mesures incitatives pour assurer la qualité des bâtiments.
Le boom urbain
1887, un tournant majeur dans le développement d’Outremont. Les Clercs de Saint-Viateur, font l’acquisition de la ferme Bouthillier-McDougall, aujourd’hui le 221 McDougall, pour y loger l’Institut des sourds-muets dont ils ont la charge. Les propriétaires font du coup l’acquisition d’un grand territoire de deux cents arpents situé dans la partie Est d’Outremont, ce qui fait d’eux les plus grands propriétaires terriens de la municipalité. Au cours des années suivantes, ils devront diviser leur immense propriété en 693 lots, point de départ d’un boom de croissance sans précédent. Plusieurs rues dans cette partie de l’arrondissement portent d’ailleurs un nom en lien avec les Clercs de Saint-Viateur, notamment avec les clercs Étienne Champagneur, Charles Ducharme, Charles-Michel de L’Épée, Pascal Lajoie et Louis-Marie-Joseph Querbes, fondateur, en 1831, de la confrérie en France.
La population d’Outremont est à 30 000 habitants en 1941, le maximum qu’elle atteindra pour se stabiliser autour de 24 000 jusqu’à aujourd’hui. Les résidences sont plus nombreuses, mais les familles sont plus petites, il y a de moins en moins de personnes par foyer. Les francophones sont majoritaires depuis le recensement de 1931.
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