C'est depuis sept décennies que le clan d'Adam Gorak est en affaires à Montréal. Parti de rien pour un avenir meilleur, l'homme d'affaires d'origine polonaise a basé la croissance de son entreprise sur les besoins de ses clients et la fiabilité de ses engagements. Un credo qui a traversé les décennies avec détermination. Sa fille Christine nous a raconté son histoire et celle de l'entreprise, aujourd'hui Peinture et Décor Gorak – qui fait affaires sous la bannière Benjamin Moore – et dont elle est l'actuelle propriétaire.

Pour une vie meilleure
C'est au consulat de Pologne à Bruxelles où il travaille après la guerre qu'Adam Gorak rencontre Régine, avec qui il partagera sa vie et... son départ pour Montréal en 1951. Les hautes études commerciales de M. Gorak passant sous le radar des agrégations de compétences au Québec, le nouvel arrivant prend des contrats de peinture résidentielle pour faire vivre sa petite famille. Son succès se répand comme une bonne nouvelle. Il loue un entrepôt pour emmagasiner ses gallons de peinture et engagera jusqu'à 40 peintres pour faire face au boum de croissance des années 1950. Il fera de Benjamin Moore sa marque de prédilection.
L'entrepreneur prend du galon. Il ouvre un commerce de peinture et accessoires sur la rue Jean-Talon. « Par respect pour les clients, mon père était toujours bien mis, complet-cravate, pour recevoir ses clients ». Elle se rappelle avec émotion que c'était un homme brillant et fier. « Il savait tout », dira-t-elle, bien au-delà des stratégies marketing, il avait une connaissance innée des relations avec les clients, basées sur la confiance. Il s'est éteint en 1993. Il avait 78 ans.
Outremont, « une ville à l'européenne »
« Ma mère, d'origine belge, aimait beaucoup Outremont. Elle aimait le fait que les gens qui se croisent sur la rue se disent bonjour. Cela lui faisait penser à sa Belgique natale », se rappelle Christine. La rue Laurier, c'était la destination de qualité pour elle et ses quatre filles. C'est à Mont-Jésus-Marie et à l’École de musique Vincent-d'Indy à Outremont que Christine fera ses études, loin du domicile de la Cité-Jardin dans Rosemont Est.
On n'est donc pas étonnés qu'en 2006, la nouvelle propriétaire de l'entreprise, troisième de la fratrie des Gorak, ouvre à Outremont Peinture et Décor Gorak qui met de l'avant les produits et services de décoration. « Que de la haute qualité pour l'intérieur des belles résidences d'Outremont, le meilleur choix pour la peinture, pour les stores, les plus beaux tissus pour les rideaux et tentures, la plus belle qualité pour le papier peint, le meilleur service de designer. Nous devons donner exactement ce dont le client a besoin et livrer le produit et le service tel que promis. Nous nous avons une clientèle fidèle. »
L'avenir et la relève
Déjà le développement des grandes surfaces aurait pu inquiéter Adam Gorak quand les RONA de ce monde ont fait des gains dans le marché. Il n'était pas inquiet. Le haut de gamme appelle une certaine clientèle qui achète de la qualité, disait-il, et non des prix, et qui compte sur des conseils avisés, ce que ne peuvent offrir les grandes bannières. Christine est du même avis devant la flambée du commerce par internet. Le fait de cibler des produits haut de gamme et d'offrir en plus les compétences de deux designers professionnels pour prendre les bonnes décisions donne une valeur ajoutée inestimable, selon elle. Une banque de données permet de retenir les détails de toutes les transactions depuis 2003.
Y a-t-il une relève à l'horizon? Pas dans la famille, soupire-t-elle. À 62 ans, ce n'est pas demain le jour où elle accrochera ses pinceaux... « J'aime beaucoup être ici, j'adore la couleur, c'est mon univers ». Et c'est aussi celui de son mini chien Horacio, - nom populaire chez les Gorak bien avant la pandémie - qui lui tient compagnie. « Il y a un côté émotif à rencontrer les gens dans l'intimité de leurs projets, ils se racontent et sont reconnaissants du résultat. C'est très gratifiant. Pour ce qui est de la relève, nous avons dans notre équipe des gens de confiance qui sont avec nous depuis plusieurs années. Je peux prendre un peu de distance, sans inquiétude », conclut-elle.
Alors, elle renoue avec ce qu'elle aime faire quand elle quitte l'avenue de l'Épée. Chouchouter ses trois petits-fils dont elle est « complètement folle », avoue-t-elle, faire des randonnées à vélo, en raquettes, à pied, préparer des marathons – elle a complété ceux de New-York et de Québec. Puis, la cuisine polonaise n'a pas de secret pour elle, la traditionnelle soupe zurek, la choucroute avec saucisson polonais, les harengs marinés, s'invitent à la table régulièrement. « Et à Noël, c'est la tradition : soupe à la betterave, pierogis, cigares au chou... »
Elle nous étonnera encore. Madame la PDG prend des cours de piano classique à l'École de musique Vincent-d'Indy depuis cinq ans. « Je suis envoutée par Chopin », dira-t-elle. Clin d’œil de la vie et retour aux sources : le prolifique pianiste- compositeur était d'origine polonaise.
Peinture et Décor Gorak est situé sur l’avenue de L’Épée, à l’angle de l’avenue Van Horne.
Partagez sur