A la suite de ma lettre d’opinion publiée dans ce Journal, M. Tomlinson est monté sur ses grands chevaux évoquant « des énoncés tellement fausses et à la limite dérangeantes » (sic). Il n’est pas clair ce que M. Tomlinson considère faux ou dérangeant mais prenons pour acquis qu’il considère clientélisme comme dérangeant.
Pourtant c’est de la nature même des partis politiques de faire du clientélisme. Après tout un parti politique c’est un groupe de personnes qui se réunissent pour faire avancer un agenda en prenant le pouvoir. Quand le NPD en Colombie Britannique présenta des lois pour favoriser le syndicalisme, c’était du clientélisme; quand M. Harper accorda des crédits d’impôts pour l’activité physiques des enfants, c’était du clientélisme et je ne parlerais pas de M. Trump, le spécialiste en la matière!
Là où le bât blesse, c’est quand le clientélisme prend le dessus sur la saine politique publique. Tous reconnaissent que M. Trudeau faisait du clientélisme en mettant sur pied l’allocation canadienne pour enfants. Il visait, avec cette mesure, sa base électorale soit les familles de la classe moyenne avec enfants. Peu lui en tienne cependant rigueur car il est généralement reconnu que cette mesure est une bonne politique publique.
Passons donc sous l’analyse de la bonne gouvernance publique la mesure des vignettes à demi-prix pour les gens à faible revenu, première et seule mesure sociale mise en place par M. Tomlinson. Qui va être favorisé par cette mesure? Les personnes à faible revenu possédant une voiture. Je n’ai pas les données, M. Tomlinson les avez-vous?, mais je présume que c’est une minorité des personnes pauvres qui ont une auto, compte tenu des coûts, et que celles qui en ont une sont probablement plus riches que celles qui n’en ont pas. Il faut aussi parler de la difficulté d’application de la mesure, particulièrement à Outremont, où le revenu déclaré n’est pas un gage réel de pauvreté (pensez à la déclaration de revenus de M. Trump).
Donc si on veut vraiment aider les personnes les plus pauvres, objectif que je partage, il serait souhaitable d’investir les ressources limitées de l’arrondissement vers d’autres mesures. J’ai suggéré au Maire de réduire les tarifs des loisirs et du parc soleil car le plus désolant dans la pauvreté c’est l’exclusion sociale. De plus cette mesure aurait l’avantage de ne pas favoriser l’usage de l’automobile et donc d’être en communion avec le soit disant objectif premier de la réforme du stationnement soit de diminuer les GES.
Clairement la vignette à demi-prix ne résiste pas à l’analyse de la bonne gouvernance publique et surtout pas comme seule et unique mesure sociale d’une administration. J’ai alors cherché à trouver la raison qui avait pu pousser l’administration Projet Montréal-Tomlinson à mettre de l’avant une si mauvaise politique et la seule qui me soit venue en tète c’est le clientélisme.
Certains, voyant dans ce plan de stationnement d’autres mesures mal avisées qui auront pour effet d’augmenter les GES (augmentation du nombre de places de stationnement, accès à 100% au stationnement sur rue pour les non-résidents ou à la vignette unique etc…) m’incitent à y voir plutôt l’incapacité de cette administration à formuler des politiques cohérentes.
A bien y penser, l’un n’empêche pas l’autre!
Cela dit, j’invite M. Tomlinson à nous faire part dans ces pages du bienfondé de sa politique. Peut-être que mon incompréhension résulte tout simplement d’un manque de communication.
Marc Poulin
Avenue de la Brunante
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