Le Journal d'Outremont a rencontré notre député Pierre Arcand au restaurant Chez Lévêque avant la pandémie. Jusqu’à tout récemment, il demeurait chef intérimaire du Parti Libéral du Québec.
Quand Pierre Arcand a rencontré un matin le conseiller spécial du bureau de Jean Charest, Michel Bissonnette, aujourd’hui vice-président de Radio-Canada, il ne s’attendait pas à l’entendre dire une chose pareille.
« Il m’a demandé si j’avais déjà pensé à faire de la politique. Mais ce qui m’avait bien surpris, c’est qu’il me dise: « Écoute, le parti est bon sur le plan économique, mais il y a peu de monde qui ont été dans le secteur privé. Des gens d’affaires, qui comprennent les réalités de tous les jours. Puis nous, on pense que le Québec peut être plus performant. » Rendre le Québec plus performant, c’est la raison pour laquelle Pierre Arcand s’est lancé en politique il y a 13 ans. En 2007, il était alors président de la chaîne de stations Corus Québec (rachetée par Cogeco en 2010). Un poste qui l’amenait à se promener un peu partout à travers le Canada. Puis à constater que « Au Québec, on est en retard, là ! » Donc lorsque l’ancien premier ministre Jean Charest lui a dit qu’il le voulait dans la circonscription Mont-Royal, « c’était assez dur à refuser », admet celui qui est aujourd’hui chef intérimaire du Parti libéral du Québec et député de Mont-Royal-Outremont.
La suite est connue. Le politicien a fait plusieurs ministères, dont ministre des Relations internationales, ou encore ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles. Mais ce qui l’a mené à poursuivre cette carrière, ça, c’est un autre feuilleton.
Ses premières amours
Dans un restaurant de l’avenue Laurier, Pierre Arcand nous a parlé de sa petite histoire — alors qu’il fêtera bientôt ses 70 ans. Parfois la cassette politique roulait, parfois pas. Empreint d’humour et d’un naturel avenant, le Maskoutain d’origine n’a jamais évité aucune question. Et c’est avec une étincelle dans les yeux qu’il parle de ses premières amours, le milieu de la radio. « Dans le temps que c’était AM », dira-t-il souvent pour remettre les choses dans leur contexte.
Fils d’un père agronome et d’une mère au foyer, Pierre Arcand a eu l’appel des chiffres dès son plus jeune âge. Après des études à l’école des Hautes Études Commerciales, il a vite travaillé comme comptable-adjoint dans une banque. Jusqu’à ce qu’une « opportunité » dans le domaine des médias se présente. « C’était à Saint-Hyacinthe, une station qui s’appelait CKBS. On faisait tout: j’étais en ondes, je vendais de la publicité, j’écrivais des textes… »
« Et ce qui était intéressant, c’est qu’on sentait une certaine importance dans ce qu’on faisait parce que qu’on pouvait changer bien des choses au niveau de la communauté. C’était le média d’influence d’alors. »
Le vent en poupe
À 27 ans, les choses ont aussi bien vite changé dans son cas. De directeur des nouvelles, il est rapidement passé à directeur général de CKAC. Une station de radio qu’il a maintenu « grand numéro 1 », se plait-il à dire. Mais sa fibre entrepreneuriale commençait à le démanger. Et puis hop, avec son partenaire, Pierre Béland, il est devenu propriétaire de deux postes de radio anglophones à Montréal, CFCF et CFQR.
« Ces stations-là n’étaient pas à vendre parce qu’elles faisaient trop d’argent, elles étaient à vendre parce qu’elles étaient déficitaires. Alors il fallait remonter ça, et c’est ce que l’on a fait. »
Dans les années 90, Pierre Arcand a également mis la main sur les stations CKOI et CKVL. Mais aussi sur ce qui fera toute la différence: la compagnie d’affichage, Métromédia Plus. « La combinaison radio-affichage (dans le métro et sur les autobus), c’était quand même assez efficace pour combattre la télévision », explique-t-il tout bonnement.
Pour faire changement, CKOI est devenue assez rapidement la radio numéro 1 à Montréal. Puis en 1998, au diable la dépense ! Sa compagnie fait l’acquisition de CIME-FM dans les Laurentides et de CIEL-FM, soit le 98,5 FM aujourd’hui, qui se classe au top des stations les plus écoutées à Montréal.
En fait, pendant un certain temps, il gérait quelque chose comme six stations en tout. Au point de se demander s’il arrivait à dormir la nuit. « En 1997, oui, répond le Monterois depuis cette année-là, mais en 1991, avec CKOI qui était déficitaire et les taux d’intérêt très élevés, c’était plus rough », avoue-t-il.
Ce qui le poussait à se lever tous les matins et à se battre par temps dur? « Le milieu de la radio. J’ai toujours aimé la radio. C’est un médium qui te permet d’être créatif. Et puis tu es aussi bien de travailler pour toi, plutôt que de travailler pour les autres. C’est aussi simple que ça ! » laisse-t-il tomber en s’esclaffant.
Quelques questions à Pierre Arcand
Ce vous pensez de la crise des médias?
« J’étais en beau maudit. Je n’en revenais pas qu’ils n’aient pas pensé à inviter les agences de pub » lors de la commission parlementaire sur l’avenir des médias en août dernier. « C’est eux autres qui ont le cash! »
Serez-vous au prochain rendez-vous électoral?
« Je ne le sais pas. Les élections, c’est en octobre 2022. Et il y a une expression qui dit: six semaines en politique, c’est une éternité. »
Votre livre de chevet?
« Actuellement, je lis Le Temps des turbulences de Allen Greenspan. Ça a été publié en 2007, mais c’est un livre qui est assez juste par rapport à ce qui se passe actuellement, comme les possibles épidémies qui peuvent nuire à l’économie. »
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