PHOTOS MARILI SOUDRE-LAVOIE
L’odonymie fait aujourd’hui partie intégrante du paysage urbain. Elle nous renseigne tout particulièrement sur les étapes qui ont marqué le développement d’une municipalité. Avec l’aimable collaboration de la Société d’histoire d’Outremont, nous retraçons l’histoire d’une rue d’Outremont.
Les renseignements ci-dessous sont tirés du Répertoire des rues d’Outremont et leurs histoires par Ludger Beauregard, une publication de la Société d’histoire d’Outremont (2015, 280 pages, reliure spirale). Il est possible de se procurer ce titre au montant de 25 $ en composant le 514 271-0959. histoireoutremont.org
Avenue Robert
L’avenue Robert, qui est en fait une petite rue étroite, reçoit l’aqueduc en 1906 après un demande des propriétaires terriens, mais devra attendre jusqu’en 1917 pour avoir des canalisations d’égout. Elle compte 13 habitations bâties entre 1911 (nº 40) et 1966 (nº 48), huit d’entre elles l’ayant été au cours de l’année 1920. Tous les cottages, sauf un (19), sont jumelés, de volume moyen, et affichent peu d’éléments décoratifs. Le numéro 25, accolé au 80 de l’avenue Kelvin, fait partie de la douzaine de maisons dessinées par J.-Roméo Gadbois lors du concours d’architecture de la Ville, en 1919, et se distingue des habitations de l’autre côté de la rue par sa taille et son toit en pente. Grâce à l’élargissement de l’avenue à 56 pieds, en 1930, en face du parc, le couple disparate de cottages (38 et 40) retient l’attention. Le 40 est le plus vieux de la rue (L.-A. Venne, arch., 1911) et projette une petite galerie à colonnes blanches comme c’était la mode à l’époque. Le 38 a été conçu par J.-Zéphirin Gauthier en 1946 et tranche par son style arts déco. Au bout de la rue, les 44 et 48 sont également à voir. Les maisons sont très différentes l’une de l’autre par l’âge, le matériau de construction et le style, ce qui permet d’opposer le néoclassicisme de l’architecte René Charbonneau (1931) de la première au rationalisme de Guy Desbarats (1966) de l’autre. L’odonyme emprunte le nom de Pierre Robert, cultivateur à Côte-des-Neiges qui possédait quelques lots dans l’axe de la rue projetée. Le conseil municipal adopte en 1897 le règlement 35 qui localise cette rue dans le « West End », mais sans la nommer. Le 14 juillet de la même année, deux échevins proposent de lui donner le nom de Robert, ce que le maire Dunlop fait alors inscrire dans le règlement.
Avenue Péronne
L’avenue Péronne est née en 1919 avec la construction de la paire de cottages conçus et bâtis par Gadbois et Guidazio aux numéros 5 et 7. Il s’agit de magnifiques maisons agrémentées de porches semblables et d’une belle corniche au-dessus de laquelle on aperçoit la signature de l’architecte. Deux autres immeubles datent de 1923, notamment le 15 avec sa grande galerie, sa corniche blanche périphérique et son toit à versants avec lucarnes (Charles Bernier, arch.). La plus remarquable demeure reste sans doute le 21, construite en 1921 pour William Saint-Pierre, selon les plans de David Spence. Voilà une splendide résidence de grand style franco-québécois, toute en pierre avec un toit en pente supportant des lucarnes, des volets bleus aux fenêtres et un jardin muré. Son orientation du côté de l’avenue Robert plutôt que vers le parc laisse toutefois songeur! L’odonyme de Péronne rappelle le combat mené par les soldats canadiens pour la délivrance de cette petite ville de la Somme (France) en septembre 1918, vers la fin de Grande-Guerre. Il a été attribué à l’avenue, en 1919, par le conseil municipal, fort probablement à la suggestion de l’ingénieur J.-A. Duchastel, devenu gréant de la Ville, major dans l’armée de réserve du Canada.
Avenue de Vimy
Le 1 mai 1933, le conseil municipal change le nom de l’avenue West End et du parc Lord Kelvin pour celui de Vimy en rappel de la bataille livrée par les Canadiens pour prendre la crête de Vimy, du 9 au 12 avril 1917. Pourtant le chemin West End existait depuis fort longtemps dans le lot 56! Aujourd’hui 13 maisons bordent cette avenue, la plus ancienne ayant été construite vers la fin de la Première Guerre mondiale (nº 14) et la plus récente en 1936 (nº 25), une luxueuse demeure dessinée par l’architecte J.-Zéphirin Gauthier, toute en pierre polychrome avec un beau toit en tuile. En déambulant dans cette rue désaxée, on s’arrête devant le 15 (J.-A.-E. Cartier, arch., 1927) pour observer la corniche et le joli parapet de cette grande maison accompagnée d’un beau jardin. On regarde plus loin les 53, 59 et 61, qui font partie du groupe historique de cottages réalisés par Gadbois et Guidazio en 1919, notant les similitudes et les différences recherchées dans leur architecture.
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