Ce ne sont pas des attractions en soi. Il n’y a pas de plaque commémorative ni de note explicative. Mais ils font partie de notre histoire et sont de véritables témoins du passé. Gros plan sur les deux charniers du Cimetière Mont-Royal, construits au 19e siècle, aux temps du choléra, du typhus et de la variole.
Sous un soleil de plomb, un humide courant d’air frais souffle par l’entrée d’un des deux charniers — situés à flanc de colline — à quelques pas du bureau administratif du Cimetière Mont-Royal. Les vieilles portes en bois d’un des caveaux ont été laissées entrouvertes.
Impossible de bien voir ce qui croupi à l’intérieur. L’abri qui a été construit dans la terre, sous forme de dôme, est littéralement plongé dans l’obscurité. Il y a bien une cheminée et une trappe d’aération sur le toit, mais rien n’y fait. Une odeur terriblement terreuse se dégage de cette grotte ténébreuse.
Ce vestige d’une époque révolue, n’est pas sans rappeler les débuts de la création du cimetière. Dans un document d’archives de Montréal, on raconte qu’en 1849, la communauté protestante anglophone, qui représentait alors un tiers des Montréalais, était gravement touchée par la fièvre typhoïde.
Dans ce contexte, la communauté, qui était de plus en plus préoccupée par d’éventuelles épidémies, ne souhaitait qu’une chose: que les morts soient enterrés le plus loin possible du centre urbain.
À Montréal, les inhumations en milieu urbain ont cessé en 1851. En 1852, le Cimetière Mont-Royal est apparu sur le flanc nord du mont Royal, où se trouvait autrefois la ferme Spring Grove du Dr McCulloch.
Les défis de l’hiver
En plein hiver, avec le sol de Montréal gelé en profondeur, « la tâche du fossoyeur était une entreprise extrêmement compliquée », raconte Brian Young, dans son livre Une mort très digne: L'histoire du Cimetière Mont-Royal.
« L’excavation au préalable de grandes fosses pouvant accueillir au moins les dépouilles des pauvres, comme cela se faisait auparavant, ne concorde en rien avec la vision romantique entretenue par les dirigeants du nouveau cimetière, écrit-il. C’est pourquoi un ample charnier est aménagé dans un coin discret de la colline. »
Ce dernier est utilisé à partir du 3 février 1853. Les corps y sont alors déposés et gelés jusqu’à ce que l’on puisse les enterrer après le dégel du printemps.
Or, à l’hiver 1859, « les corps de 105 enfants et de 100 adultes encombrent les lieux, ce qui oblige à entreprendre la construction d’un second charnier, adjacent au premier », explique l’auteur.
En 1919, la machinerie tels que les tracteurs et pelles mécaniques viennent finalement faciliter la tâche et permettent ainsi d’enterrer toute l’année, peu importe la saison.
Depuis les années 1920, les deux caveaux du cimetière servent à l’entreposage d’équipement et d’outils de jardinage.
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