L’odonymie fait aujourd’hui partie intégrante du paysage urbain. Elle nous renseigne tout particulièrement sur les étapes qui ont marqué le développement d’une municipalité. Avec l’aimable collaboration de la Société d’histoire d’Outremont, nous retraçons l’histoire de l’avenue Laurier, autrefois la rue Saint-Louis.
Les renseignements ci-dessous sont tirés du Répertoire des rues d’Outremont et leurs histoires par Ludger Beauregard, une publication de la Société d’histoire d’Outremont (2015, 280 pages, reliure spirale). Il est possible de se procurer ce titre au montant de 25 $ en composant le 514 271-0959. histoireoutremont.org
L’avenue Laurier s’est d’abord appelée rue Saint-Louis, spécifique emprunté aux municipalités nées à l’est de la côte Sainte-Catherine depuis la création du village de Coteau-Saint-Louis en 1846. Après la fondation du village d’Outremont en 1875, un comité conjoint des deux municipalités contiguës se penchait sur un projet de rue Saint-Louis allant de la rue Saint-Laurent au chemin de la Côte-Sainte-Catherine, mais sans suite. En 1884, l’arpenteur-géomètre Joseph Rielle présentait un plan d’ouverture de rue, qui était refusé par les villages de Saint-Louis et Outremont, alors que celui de Henri-Maurice Perrault était accepté, le 3 avril 1888, à la condition que les propriétaires riverains défraient les coûts de nivellement et de macadamisation ainsi que ceux des clôtures de bordure. Outremont exigeait en plus que ceux-ci cèdent gratuitement le terrain nécessaire au tracé de la rue. Les travaux débutent à Saint-Louis dès l’année suivante, mais pas sitôt à Outremont.
DE SAINT-LOUIS À LAURIER
Autant la rue Saint-Louis a été lente à s’établir dans Outremont, autant les tergiversations concernant son odonyme ont aussi traîné en longueur. En 1904, la Ville y installe deux lampadaires. L’année suivante, elle pose un trottoir de ciment du côté nord, celui du sud n’étant coulé qu’en 1909. La même année, elle goudronne la chaussé à titre d’expérience. En 1913, elle commande un plan d’aménagement de l’îlot au coin de Bloomfield avec fontaine (Bloomfield Place Square). En 1915, elle pave le centre de la chaussée de blocs d’ardoise, les tramways y circulant depuis 1905.
L’agence immobilière Home & Investment, qui avait acheté beaucoup de lots des Clercs de Saint-Viateur au bord de la faillite, inscrit rue Saint-Louis dans son plan de promotion « Rosedale » en 1907. La fabrique Saint-Viateur achètera, deux ans plus tard, des terrains pour y construire une nouvelle église sur la rue Saint-Louis.
C’est le cartographe A.R. Pinsoneault qui inscrira le premier « rue Laurier » sur le tronçon compris dans Outremont, dans son atlas de Montréal, en 1907, alors que l’historien Robert Rumilly avait écrit « la rue Saint-Louis maintenant appelée Laurier… » (p. 122) dans son chapitre consacré aux événements de 1906 à Outremont. Le secrétaire municipal emploiera « Laurier » pour la première fois dans le procès-verbal du conseil municipal du 1er juin 1910. Dans les douze mois suivants, il écrira plus souvent Saint-Louis (5 fois) que Laurier (3 fois) pour finalement n’utiliser que ce dernier spécifique. Il faut donc croire que ce n’est qu’après l’annexion de la Ville de Saint-Louis du Mile End à Montréal, en 1909, que les tergiversations ont cessé, celle-ci ayant rapidement changé « rue Saint-Louis » pour « rue Laurier », qui existait déjà dans son territoire à l’est de la rue Drolet.
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