PHOTOS : LE JOURNAL D’OUTREMONT
Un quartier historique sillonné par des rues aux pavés suintants, d’austères immeubles de vielles pierres et des bâtiments en briques rouges de l’ère victorienne ; des rues marchandes bordées de boutiques, cafés et galeries d’art, des squares bien fleuris et les effluves de la mer toute proche. Le vieux Portland, authentique et sans prétention, a tout pour rendre le visiteur heureux.
Mais c’est pour la table que les touristes de partout convergent vers cette destination gourmande, baptisée « la plus foodiedes petites villes d’Amérique » par le magazine Bon Appétit, en appréciation de l’excellence des chefs et du nombre de restaurants per capita, mais aussi de la qualité des produits locaux.
Nous avons accepté l’invitation de la Maine Foodie Tours( www.mainefoodietours.com), une petite entreprise locale qui valorise la vie gastronomique de l’endroit par des visites guidées. Nous avons opté pour le Old Port Culinary Walking Tour, une promenade dans une ambiance bon enfant, accompagnée par une animatrice dynamique et enthousiaste. Notre groupe de 12 personnes est composé de jeunes foodiesdu Maine et du Connecticut, de couples plus âgés du Vermont, mais aussi de Montréalais de passage, tous réunis par l’extraordinaire attraction des goûts et des saveurs.
Au menu, un tour d’horizon de l’offre gourmande de Portland en huit stations. En premier, ce sympathique fromager de K. Horton Specialty Foods( www.publicmarkethouse.com) qui nous fait goûter quelques échantillons de cheddar et de chèvre provenant des meilleures productions locales du Maine. En terme de nombre d’artisans fromagers reconnus, le Maine se situe au second rang aux États-Unis juste après l’État de New York.
Puis nous sommes conviés au Vervacious( www.vervacious.com), un marchand d’épices et de sels du monde, mais aussi de balsamiques de qualité dont certains à valeur ajoutée de café et de bleuets (usage : on dépose quelques gouttes sur une viande grillée au barbecue). On a goûté (et aimé !) le mini lobster rollavec mayo à l’harissa offert à la dégustation.
Le brasseur Shipyard Brewing compagny( www.shipyard.com) nous reçoit avec ses bières toutes fraîches, brassées au sous-sol de l’établissement, que nous dégustons en toute convivialité autour d’une grande table de bois en un endroit qui n’est pas sans rappeler les tavernes de pêcheurs au début du siècle dernier.
On connaît bien la marque Stonewall Kitchenspécialisée dans les moutardes, confitures et autres condiments (vendus à Montréal), mais il est agréable de visiter la boutique de Portland de cette entreprise locale. Nous sommes reçus en toute gentillesse avec des scones faits sur places et confitures de bleuets ( www.stonewallkitchen.com).
Fait saillant de la visite, le Harbor Fish Market( www.harborfish.com) sur les quais où on nous dévoile toutes les richesses de l’océan voisin. Dégustation de moules fumées ou de truite fumée selon l’humeur du patron et cours 101 sur la pêche aux homards.
Nous terminons chez le meilleur chocolatier de Portland, aux dires de notre gourmande accompagnatrice, la boutique Dean’s Sweet( www.deanssweets.com), où les bouchées chocolatées au rhum, à la noix de coco, à l’orange ou au scotch sous couverture de chocolat à 70 % sont d’irrésistibles objets de désirs et ravissent les heureux participants.
Le tout ponctué d’anecdotes historiques, et enrichis d’échanges de recettes, de trucs culinaires… et de rires garantis.
Bref, une agréable petite excursion gourmande doublée d’une visite du quartier historique de Portland. Le prix proposé est de 50 $ par personne pour une visite de 2 heures et demie, incluant les dégustations ( www.mainefoodietour.com).
Restaurants
Le choix ne manque pas. Plusieurs adhèrent au mouvement « de la terre à la table » qui valorise l’utilisation optimale des produits locaux au menu. Le plus couru est sans doute le Duckfat( www.duckfat.com) qui justifie bien sa raison sociale parce que toutes les fritures sont à la graisse de canard. Ce qui donne des frites extraordinaires présentées en cornet de papier, une poutine remarquable et des «trous de beignes» au citron à la couverture craquante, accompagnés d’un caramel maison... à la graisse de canard! Voisin immédiat, le East Ender(www.eastenderportland.com), style pub amé-ricain où l’on propose un peu de tout mais bien fait, comme ce très bon gaspacho, un excellent fish and chips, et des hamburgers glorifiant le genre.
Des montagnes d’huîtres (20 variétés crues ou cuites), mais aussi des clam chowder et des lobster roll « gastronomiques » vous attendent au Eventide Oyster Company ( www.eventideoysterco.com), certainement le plus fréquenté des restaurants de fruits de mer.
Bruyant, urbain, sixties, bigarré, aux petits-déjeuners exquis, le Hot Suppa ( www.hotsuppa.com) est recommandé par les gens de la place et maintenant cité dans les guides touristiques. Excellent poste d’observation de la faune locale.
Le homard dans tous ses états
Plusieurs villes sont fières de leur passé et rendent hommage à leurs bâtisseurs en dévoilant bustes et statues à leur effigie, généralement des hommes politiques, des héros de guerre ou des sportifs notoires. Trônant au milieu du quartier des affaires de Portland, un magnifique bronze d’un pêcheur de homards en dit long sur la contribution de la pêche commerciale sur l’essor de la ville.
Le homard n’a pas toujours été le crustacé estimé comme il l’est maintenant, mais avec le temps il est devenu incontournable sur le menu des meilleurs restaurants. Déjà, en 1840, l’État du Maine autorisait les premières pêcheries commerciales. Puis en 1867, une conserverie de Portland lançait une édition spéciale de son homard en boîte pour l’Exposition universelle de Paris.
Aujourd’hui les prises annuelles oscillent autour de 100 millions de livres.
Comment s’y rendre
L’inconditionnel des plages de Kennebunk et d’Ogunquit qui passe outre la jolie ville de Portland manque une belle occasion de découvrir un site gourmand, une adresse culturelle et un lieu historique de premier plan. Moyennant une petite dérogation à l’habitude d’emprunter la route 89 ou la 91, le voyageur pourra opter pour la route 26 au poste-frontière de Coaticook, beaucoup plus pittoresque et plus agréable, et qui nous mène directement au cœur de la ville. On y croise des villages typiques du Maine aux noms improbables comme Paris, Poland, Norway ou China, mais qui n’ont vraiment rien à voir avec leurs homonynes. De Montréal, il faut compter environ 440 kms, ce qui prend environ 5 heures et demie.
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