L’odonymie fait aujourd’hui partie intégrante du paysage urbain. Elle nous renseigne tout particulièrement sur les étapes qui ont marqué le développement d’une municipalité. Avec l’aimable collaboration de la Société d’histoire d’Outremont, nous retraçons l’histoire d’une rue d’Outremont.
Les renseignements ci-dessous sont tirés du Répertoire des rues d’Outremont et leurs histoires par Ludger Beauregard, une publication de la Société d’histoire d’Outremont (2015, 280 pages, reliure spirale). Il est possible de se procurer ce titre au montant de 25 $ en composant le 514 271-0959. histoireoutremont.org
Dans l’angle formé par le chemin de la Côte-Sainte-Catherine et l’avenue Rockland, au sud du parc Joyce, le lot 41 appartenait, en 1870, au marchand montréalais Alex McGibbon. Devenu insolvable, sa ferme est vendue, en novembre 1873, à Gustave d’Odet d’Orsonnens, alors propriétaire du lot 40. À son tour, celui-ci la cède à David Lockhead, en 1880, et trois ans plus tard, ses exécuteurs testamentaires la vendent à R. Walker et al. Enfin, c’est James Ainslie qui l’acquiert, en 1887, et la conserve telle quelle jusqu’en 1905, date de son entrée à l’hôtel de ville d’Outremont à titre d’échevin jusqu’en 1914.
L’avenue Ainslie ne compte qu’une douzaine de maisons construites entre 1907 (no 25) et 1989 (no 23). La moitié date de la décennie de 1910 et le quart de celle de 1930. Il s’agit de résidences unifamiliales, la plupart de haut standard, qui permettent d’intéressantes comparaisons architecturales, allant du classique au moderne.
Les deux plus anciennes maisons se trouvent au bout de la courte rue. Le cottage sis au numéro 25, qui date de 1907 (Saxe & Archibald, arch.), a été construit pour Robert Pitt et a été modifié en façade par l’architecte André Blouin, en 1970, qui en était alors propriétaire. En face, en position surélevée, la belle demeure de Fernand Guérin (no 26) a été bâtie, en 1912, selon les plans de l’architecte Zotique Trudel. Elle est remarquable par son volume, son revêtement, son porche majestueux, sa corniche ouvragée et son fronton triangulaire : une magnifique maison d’époque!
Les architectes Turner & Carless ont doté l’avenue de ses deux résidences les plus somptueuses en 1914. Les « châteaux » d’Édouard Ouellette (no 18) et de Rodolphe Tourville (no 22), érigés en même temps par les mêmes entrepreneurs, Laurent et Frère, sont dignes de longues observations tant leur architecture parait élaborée. La maison Tourville, qui comprend 20 pièces, s’avère remarquable par son gabarit, son toit en ardoise, son revêtement en brique picotée, son style éclaté, son grand hall intérieur, son escalier monumental, sa verrière, sa salle à manger lambrissée d’acajou avec un plafond de plâtre en relief, son salon de style georgien avec de somptueux lambris de chêne et une immense rosace au plafond, un autre salon plus petit de style français avec un magnifique plafond de plâtre décoré, autre fois réservé aux dames. Au moment de la construction de sa maison à Outremont, Rodolphe Tourville exploitait un moulin à bois et dirigeait la Compagnie électrique de Louiseville. Il était député de Maskinongé et actionnaire de plusieurs entreprises immobilières, dont celle qui développait la nouvelle ville de Maisonneuve à l’est de Montréal. Au début du siècle, l’habitation a subi une restauration de fond en comble et a retrouvé son lustre d’antan. En 2005, elle a obtenu le prix émérite du patrimoine de l’arrondissement d’Outremont décerné par la Ville de Montréal.
De l’autre côté de la rue, après des rénovations en 1995, le cottage de brique pâle au numéro 11 a retrouvé sa beauté d’origine, celle que lui avait donnée l’architecte Joseph-A. Sawyer, en 1914. La maison de J.-H. Gareau s’est alors parée de sa splendide galerie à colonnes, d’une corniche et d’un parapet rafraichis : c’est maintenant un bijou patrimonial!
Outre ces immeubles remarquables, l’avenue Ainslie présente de beaux cottages de pierre (15, 21 et surtout 19), une pimpante maison de stuc blanc (7), datant de 1936, plusieurs demeures recouvertes d’un toit en forme de versant (17, 21) et quelques résidences de style moderne (7,10). Bref, un petit bout de rue des plus joli.
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Commentaires
Il est toujours intéressants de revoir ces belles d autrefois.
GB