Redonner la fierté aux Outremontais
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- LES GRANDES ENTREVUES
- Publication : 13 décembre 2017
- Par Hélène Côté
Nous n’avions pas vu ça depuis longtemps. Un maire entouré majoritairement de conseillers de son parti qui, de plus, est celui de la mairesse qui sera au pouvoir à la ville centre pour les quatre prochaines années. Philipe Tomlinson entre à la mairie d’Outremont par la grande porte et en position de force. Qui est-il? Et comment sera-t-il utile à Outremont? Il nous a reçu en toute simplicité à sa résidence au lendemain des élections.
Les grands-parents Tomlinson sont d’origine anglo-écossaise et ont traversé de ce côté-ci de l’Atlantique dans les années 1830. Né à Ottawa d’une mère francophone, Philipe et la famille Tomlinson déménagent près de la frontière ontarienne puis à Notre-Dame-de-Grâce où il a passé son enfance. Il a aujourd’hui 47 ans. Il habite en face du parc Beaubien depuis quatre ans avec son épouse Caroline et ses deux enfants Mélodie, 5 ans et Edward-Pierre, 2 ans. Hockeyeur à ses heures et joueur de tennis aguerri, il aime bien se mettre au fourneau et rêve d’apprendre à jouer du piano avec sa fille.
« Jeune adulte, je voulais faire de la radio et de la télé, mais c’est dans les relations publiques que j’ai finalement fait carrière » , avoue-t-il. Et cela depuis 25 ans. Le développement durable a rapidement conquis ses intérêts. « J’étais environnementaliste avant l’heure, ajoute-t-il, ça fait 18 ans que la question me préoccupe. Il a été conseiller politique de Pierre Arcand, ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles. « On n’a pas progressé dans les actions pro environnementales qui touchent la vie quotidienne et les enjeux planétaires. C’est complexe, mais il faut commencer par le début, chez soi, dans son quartier ». Ce sera probablement un de ses chevaux de bataille à Outremont.
La communication dans la diversité
Outre la qualité de vie et la prédominance des espaces verts, notre nouveau maire apprécie la taille d’Outremont, le plus petit arrondissement en superficie de la ville de Montréal. « C’est certainement plus facile de communiquer », dit-il, « on se connaît plus facilement. Malgré la diversité, on a un sentiment de sécurité et de connaissance du voisinage, on partage un certain nombre d’enjeux. On peut plus facilement mettre le doigt sur les problèmes ». L’essentiel, selon lui, est de bien identifier où se situe exactement la difficulté pour trouver les solutions appropriées.
Ça fait quatre ans qu’il observe les relations avec la communauté hassidique. « Il faut favoriser la communication. Nous allons miser sur les enjeux que nous avons en commun, la sécurité de nos enfants, la circulation, le stationnement, les poubelles, le respect des règlements. Et établir une plate-forme de communication et d’échanges de vues », ajoute-t-il. Ne pas laisser prise au cynisme semble être chez lui une règle d’or.
Les premières actions
Notre nouvel édile démarre son mandat le vent dans les voiles. Nous lui avons demandé à quoi il allait s’attaquer en premier lieu ? « Nous allons rendre notre arrondissement plus humain », dit-il avec conviction « et nous allons redonner aux Outremontais la fierté que plusieurs ont perdue ». Il fait remarquer que la nouvelle équipe n’a pas connu Outremont en tant que ville, « Ça va faire du bien de partir avec un point de vue neuf », dit-il.
• Premier item à l’agenda : un budget équitable
Dans les prochaines semaines, les arrondissements seront tenus de soumettre leur budget à la ville centre. « La philosophie décentralisatrice de la mairesse Valérie Plante et de son parti vont favoriser la révision du financement et des critères de répartition entre les arrondissements », soutient-il. « Les coupures inéquitables et injustifiées de 20 % à Outremont il y a deux ans devront être réajustées. Le climat actuel est favorable. Et nous allons mettre nos énergies là-dessus. »
• Rebâtir la confiance dans la fonction publique locale
« La confiance a perdu beaucoup de terrain depuis quelques années dans le contexte de la centralisation de plus en plus forte de la ville centre, ajoute-t-il. « Il y a de grandes compétences parmi nos fonctionnaires, il faut le reconnaître et être capables de travailler ensemble et de maximiser ces forces. L’administration veut des orientations claires de la part des élus. » De toute évidence, c’est ce sur quoi la nouvelle équipe va se concentrer.
• Sécuriser les rues et les ruelles
« Faut-il attendre qu’il y ait des morts avant de passer à l’action ? », dit-il. « La vitesse dans les rues d’Outremont va faire l’objet de nouveaux contrôles. De même, les ruelles seront l’objet d’un examen sérieux pour qu’elles cessent d’être des voies de transit pour tous et qu’elles soient réservées à l’usage des résidants. On identifiera les ruelles à risques et on interviendra en ce sens ».
• Mieux vivre ensemble
« Finalement, est-ce qu’on peut mieux se connaître ? », conclut-il. « Mieux se comprendre ? Mieux soutenir nos commerçants ? Se voisiner davantage, avoir des projets ensemble ? » Une vision qui pourrait contrer l’individualisme de plus en plus présent à Outremont, ce que faisait remarquer l’écrivain Jacques Godbout rencontré en entrevue l’an dernier. « Peut-on contribuer tous ensemble à rendre notre arrondissement plus humain ? » C’est la question au cœur des propos de notre nouveau maire. On a vraiment envie d’y croire.
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