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Nous continuons à vivre une crise sanitaire dont l’ampleur et les conséquences sont encore difficiles à prédire. Dans un tel contexte, les actions des uns ont inévitablement des impacts importants sur le sort des autres. Au début de la première vague en mars dernier, Outremont faisait partie des quartiers les plus durement frappés par la COVID-19. Alors que les rassemblements étaient interdits, nous avions appris que des mariages à grand déploiement avaient eu lieu dans la communauté hassidique avec plusieurs invités en provenance de New York. Alors que le confinement était déjà imposé par la Direction de la santé publique du Québec, nous avions aussi appris que des rassemblements de prières dans les synagogues continuaient d’avoir lieu.
Nous vivons actuellement une deuxième vague de pandémie. Comme l’indique l’article de la Presse du mardi 13 octobre, des rassemblements religieux importants, tant intérieurs qu’extérieurs, ont eu lieu à Boisbriand. C’est aussi à Outremont, où la communauté hassidique est importante, que l’on recense actuellement le plus grand nombre de cas par 100 000 habitants (NDLR en date du 13 octobre 2020), selon la Direction de la santé publique de Montréal.
Comment expliquer ce comportement des Hassidim, comportement qui met en danger leur santé et celle de leurs concitoyens?
D’une part, beaucoup de juifs hassidiques ont érigé un mur entre eux et la communauté dans laquelle ils vivent et ce, afin de préserver leur identité. Repliés sur eux-mêmes, ils se conforment aux règles sociales si elles ne vont pas à l’encontre de leurs croyances et de leurs pratiques religieuses. D’autre part, ils suivent les directives de leurs rabbins plutôt que celles des autorités gouvernementales. Un professeur de droit à l’Université Bar-Ilan, et senior fellow à l’Institut démocratique d’Israël, écrivait sur ce sujet dans le Times of Israël du 8 avril dernier :
« C’est un moment rare dans l’histoire où deux sources d’autorité se sont confrontées pour gérer une question de vie ou de mort. Une source d’autorité est le gouvernement et les scientifiques qui ont ordonné la suspension de tout rassemblement religieux jusqu’à la fin de la crise. Et l’autre source d’autorité est celle du grand rabbin qui croit que tout est dans les mains du ciel et que les prières de la Torah vont surmonter la crise. Pendant deux semaines, la voix du rabbin a triomphé sur celle du gouvernement. En conséquence, les juifs orthodoxes, qui constituent 12% de la population ont représenté jusqu’à 60% des cas de COVID-19 dans les hôpitaux israéliens.» (traduction libre).
Il concluait qu’en agissant ainsi, les juifs hassidiques portaient atteinte à la santé de leurs concitoyens et à celle de la population israélienne en général. Il insistait aussi sur la nécessité qu’en démocratie, une seule loi doit s’appliquer.
Tout récemment, dans le Times of Israël, on pouvait lire ceci: « Aucune communauté n’est une île. Tant que les Israéliens Haredi (souvent appelés juifs ultra-orthodoxes ou simplement ultra-orthodoxes) se considéreront comme coupés des institutions de l’État, leurs comportements iront à l’encontre des normes et règles publiques. » (traduction libre). Cette problématique nous semble tout aussi pertinente chez nous à Outremont.
Alors que nous venons d’entrer dans la deuxième vague de la pandémie, qui peut être encore plus difficile que la première, il est primordial que les autorités gouvernementales s’assurent que la loi et les règles s’appliquent à tous de la même façon. C’est ce qu’on appelle l’équité réglementaire. Alors que les rassemblements intérieurs et extérieurs demeurent interdits et que la distanciation sociale est toujours nécessaire, il faut s’assurer qu’une seule loi, celle du gouvernement du Québec, s’applique à tous les citoyens de la même façon, et que la santé de tous les citoyens soit ainsi protégée. C’est ce que doit signifier VIVRE ENSEMBLE à Outremont.
Monique Hervieu et Francine Séguin Citoyennes de longue date d’Outremont
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