Laurent, le pâtissier photographe
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- Publication : 25 juin 2021
- Par Sylvie Halpern
Vous les croisez dans la rue, vous fréquentez leur petit commerce, peut-être même que l’un d’eux est votre voisin. Et ils ont souvent un chemin de vie hors de l’ordinaire. Notre collaboratrice Sylvie Halpern vous propose d’aller à la rencontre des gens d’Outremont.
En ces temps de COVID, elles sont empilées dans un coin, les petites tables rondes habillées de coupures de journaux. Laurent Boutéraon a bien hâte de retrouver le bourdonnement familier et la sympathique atmosphère de café du commerce qui règnent habituellement chez lui. Car il y a 30 ans, lorsqu’il est venu ouvrir son café-pâtisserie-traiteur si français sur l’avenue Van Horne, à quelques mètres du collège Stanislas – son pactole! –, le propriétaire du Paltoquet avait la formule gagnante: pas seulement celle des ganaches et des mousses framboise-chocolat qui font fondre de bonheur, mais aussi celle d’un lieu plein de vie et sans prétention où on a plaisir à venir faire et défaire ses opinions.
C’est ce qu’il avait en tête et dans ses bagages quand, jeune pâtissier de 27 ans, il est arrivé de Paris en 1988. Quelques mois pour parfaire ses recettes au Méridien et au Hilton, et le voilà qui choisissait Outremont pour ouvrir ce commerce qui lui ressemble. Trois théières colorées sur une étagère penchée – « entre Alice au pays des merveilles et la Belle et la Bête de Cocteau » – témoignent des débuts. « Avec Mathieu (son copain d’école et ancien associé qui l’a incité à venir au Québec), on n’avait pas beaucoup d’argent ». Mais ils savaient rêver.
Laurent sait toujours rêver. Quand il n’est pas avec sa brigade en cuisine, il saisit son appareil photo et s’en va courir le monde – en général seul, pour encore mieux aller à sa rencontre. « On vit tous sur la même planète, mais à chaque voyage j’en découvre une autre ». Quand ce ne sont pas des photos de composition – comme dans le voyage imaginaire de son exposition Âmes errantes à la Maison de la culture Côte-des-Neiges, il y a quelques années – il part loin, ailleurs, pour regarder. Au Japon (huit fois!), au Myanmar (cinq fois!), au Vietnam, au Costa Rica, au Guatemala, au Belize… pour tenter de capter une autre énergie. Et rentrer deviser gaiement avec ses fidèles du Paltoquet.
Cet article a été écrit au moment où les cafés et les restaurants n’avaient pas encore obtenu l’autorisation d’ouvrir leur salle à manger.
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