Le Québec a accueilli plusieurs vagues de réfugiés au cours de sa récente histoire, certains à Outremont même. Quelques décennies après leur arrivée chez nous, comment ces nouveaux arrivants ont-ils franchi le cap de l'autonomie et dans quelles conditions vivent-ils aujourd'hui? Voici un exemple qui donne confiance dans la capacité d'intégration de notre terre d'accueil et dans la force d'adaptation de ces nouveaux résidants.
La famille Lam Vinh Tuong a quitté le Vietnam sur un bateau de fortune en pleine crise des « boat people » en 1979. Après avoir transité dans un camp en Malaisie, ils sont arrivés au Québec en septembre, sans bagages et rien en poche. Ils avaient pour seule richesse trois enfants, 4, 6 et 8 ans. Et la détermination inébranlable de leur offrir un avenir qui tient ses promesses. Un petit groupe de parrains d'Outremont et des environs, dont ma famille faisait partie, les a pris en charge dès leur arrivée. Et c'est dans notre localité que la famille Lam, à laquelle s'est ajoutée la grand-maman, trouva sa première terre d'accueil, sur la rue De l'Épée en septembre 1979.
Attachés à nos institutions
Intéressant de suivre leur route. Les trois enfants ont complété le primaire à l'école Lajoie et poursuivi à l'école secondaire Paul-Gérin-Lajoie d'Outremont. Malgré un déménagement de la famille dans Hochelaga-Maisonneuve en 1984, ils ont tenu à poursuivre les études des jeunes chez nous. Trois mois après leur arrivée, M. Lam nous a gentiment fait comprendre qu'il n'avait plus besoin de notre aide financière. Les parents avaient trouvé du travail. Ils étaient fiers, autonomes, pas riches, mais autosuffisants. Le groupe parrain a été témoin de leur fidélité envers nos institutions de quartier – M. Lam est client de la Banque Royale sur Van Horne depuis 36 ans – , et d'une reconnaissance infinie qu'ils manifestent chaque année à l'occasion des Fêtes. Contrairement à d'autres qui ont quitté le Québec pour tenter leur chance à Toronto ou à Vancouver, les Lam sont restés fidèles à leur terre d'accueil.
Retour du balancier
Aujourd'hui, après avoir complété des études à McGill, l'aînée est ingénieure, la seconde, biologiste et le troisième, médecin. Tous trois des professionnels qui à leur tour redonnent à notre société. Les deux parents sont aujourd'hui à la retraite. Quand ils ne gardent pas les uns ou les autres des six petits-enfants, madame Lam, à 72 ans, prend des cours de danse et monsieur, qui aura 80 ans cette année, chante dans une chorale ! Ils se permettent à l'occasion des voyages à l'étranger; ils sont notamment retournés en visite au Vietnam et ont parcouru la Chine. Les parents et leurs enfants devenus adultes sont aujourd'hui propriétaires de leur résidence. Partis de rien, on peut dire qu'ils ont gagné leurs épaulettes. Mission accomplie pour M. et Mme Lam.
Une histoire de courage et de détermination de leur part, et pour nous, à Outremont, une raison d'être fiers et inspirés par cette expérience, mais aussi confiants dans l'efficacité de notre système d'accueil, en cette période de migration des réfugiés syriens.
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