PHOTOS COURTOISIE DE L’ARTISTE
Ses œuvres grand format naissent, depuis une dizaine d’années, dans un endroit haut perché avec vue imprenable sur Montréal. Nous avons visité la peintre outremontaise Johanne Cullen, dans son atelier. Une artiste encore et toujours au sommet de son art.
On est dans une ancienne manufacture de vêtements, un édifice de 12 étages, construit en 1972, en plein cœur du Mile End, avenue Casgrain. Montréal a longtemps été la capitale canadienne de l’industrie du vêtement. Mais depuis les années 1990, on a peu à peu « rembobiné le fil », ici. Les étoffes ont disparues, puis des start-ups innovantes ont pris racine aux côtés d’autres petites shops hyper créatives.
Au 10e étage du bâtiment, les voisins de palier de Johanne Cullen portent des noms tels que « Boîtes de la paix » ou encore « Désolé Maman ». Les premiers transforment d’anciennes boîtes de munitions de l’armée américaine en celliers, tandis que les autres sont des artistes, dont le nom de leur tattooshop enthousiasme celle que l’on vient rencontrer ce matin. La peintre adore les formules évocatrices; elle qui prête une attention toute particulière à titrer ses toiles.
Dans le ciel de Cullen…
Johanne Cullen pousse la porte de son studio, un sourire de bienvenue sur le visage. Elle porte une chemise fleurie, et ses cheveux roux trahissent ses origines irlandaises. Elle est tout simplement éblouissante. Dans l’entrée, un frigo vintage fait face à un magnifique canapé en velours rouge. Plusieurs œuvres tapissent un mur entier de l’atelier. Et voilà qu’apparait ledit sofa, mis en scène dans un tableau. Ce dernier présente le portrait d’une femme bien assise et l’air songeur, drapée d’une robe blanche immaculée.
Non loin se trouve The birds and the bees, une toile qui se veut, quant à elle, « une explosion de fleurs, de couleurs et de vie. » « Celle-là aussi je l’ai peinte en plein confinement, mais c’était au moment où je me suis dit qu’il fallait que je sorte de cette morosité [de la pandémie] », laisse savoir l’artiste sur un ton enjoué.
La conversation fuse, et nous sommes plongés dans les yeux bleu gris de notre hôtesse. Quelque chose dans la vision périphérique que nous offre la large fenestration vient inopinément voler la vedette. « Vous n’avez encore rien vu! », décode-t-elle aussitôt. « Avec cette vue panoramique, enchaîne-t-elle, il m’est arrivé d’assister à un lever de lune super grosse, en simultané à un soleil couchant. » Ce ciel est une véritable source d’inspiration, nous dira-t-elle plus tard.
Les loges des possibles
Parmi ses dernières productions, Les loges des possibles est une toile au ciel bigarré, où figurent une blonde, une brune et une rousse assisses sur un banc avec un tapis de galets colorés à leurs pieds. « L’idée de ce tableau représente le passage que tu as à faire. Les galets de couleurs symbolisent les différentes étapes de la vie. »
« Pour ma part, ce sont les arts qui m’ont choisie », révèle la diplômée en arts visuels de l’UQAM, dont le médium de prédilection est la peinture à l’huile. « Je dessine depuis que je suis toute petite. C’était comme automatique, mes cahiers d’école étaient pleins, pleins, pleins! »
Johanne Cullen est aussi peintre scénique à ses heures. Quelques-unes de ses œuvres (commandées par les productions) apparaissent régulièrement au petit écran. On a notamment pu en voir dans les séries québécoises C’est comme ça que je t’aime et Nuit blanche, plus récemment. Par ailleurs, on peut également voir ses œuvres à la Miller Gallery, à Cincinnati, en Ohio, aux États-Unis, ainsi qu’à la galerie d’art Linda Verge, dans le quartier Montcalm, à Québec.
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