Vous les croisez dans la rue, vous fréquentez leur petit commerce, peut-être même que l’un d’eux est votre voisin. Et ils ont souvent un chemin de vie hors de l’ordinaire. Notre collaboratrice Sylvie Halpern vous propose d’aller à la rencontre des gens d’Outremont.
Quand ce n’est pas Stylianos Adamidis qui vient à vous, c’est Georges Karassavidis: accueillants tous les deux, comme de sympathiques voisins qui vous recevraient chez eux. Il faut dire que depuis que les deux propriétaires du Van Horne Shell ont repris le plus ancien garage-station d’essence d’Outremont (le bâtiment a changé, mais l’enseigne est là depuis 1915), ils s’y sentent comme dans leur village: « On n’a jamais fait de publicité, dit Georges, on fonctionne par le bouche-à-oreille. Nous sommes une petite entreprise du coin et c’est ça, Outremont! »
La vie est drôle parfois. Leurs familles ont immigré à peu près à la même époque de deux villages de Grèce voisins de quelques kilomètres, et elles ne se connaissaient pas! Georges est né là-bas, Stelio est né ici, mais même s’ils ont grandi à Parc-Extension, même si leurs parents faisaient partie de la même petite communauté, ils ne se fréquentaient pas. Il aura fallu que Stelio se joigne en 1998 à l’équipe du garage de l’époque et que Georges s’y présente à son tour en 2001 pour qu’ils raccrochent les wagons de leur vie. À eux deux, ils reprennent l’affaire et ne se quittent plus. « On est comme un vieux couple, dit Stelio: on se chicane et le jour même on s’en parle, c’est le secret ». Georges rigole: « Je passe plus de temps avec lui qu’avec ma femme! »
Bien sûr, quand l’un des deux a des rénovations à faire chez lui, l’autre vient lui donner un coup de main. Puis, avec leur épouse respective, ils ont instauré un petit rituel: chaque année, ils partent à quatre, bien mis et tout joyeux, s’offrir une belle soirée au Casino de Montréal. C’est immuable, dit Stelio.
Les jeunes pompistes que Georges avait rencontrés l’un après l’autre à l’équipe de hockey locale ont disparu depuis qu’il n’y a plus de pompes à essence au Van Horne Shell, et ils leur manquent: « Je comprends qu’il faut progresser, dit Georges, un peu amer. Mais quand on modernise, il est vrai qu’on tue aussi un peu. »
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Commentaires
Oui vous avez bien raison, certaines personnes ont l'art de tuer l'âme d'une ville.
Nous sommes reconnaissants de tous les services que vous nous avez rendus.
Michelle