Nos quartiers qui faisaient l’envie des visiteurs pour l’ambiance ombragée des avenues, la quiétude des rues, l’architecture préservée des immeubles, le chic des maisons bourgeoises, ses parcs ouverts et accessibles et la circulation automobile aussi calme que celle d’une petite ville, semblent choses du passé dans l’esprit de nombre de nos lecteurs. Les beaux «habits de l’empereur» Outremont deviennent vraiment invisibles sous les traces insalubres des incivilités de quelques citoyens.
On débat beaucoup ces temps-ci de la nouvelle approche, fort décriée semble-t-il, du stationnement. Y en a-t-il plus, y en a-t-il moins ? Pour qui, comment et à quel prix ? On s’interroge aussi beaucoup à propos de la préservation déficiente du patrimoine bâti, de la géométrie variable de la forêt urbaine d’Outremont. Parallèlement, on entend nombre de discours de part et d’autre, et des analyses souvent contradictoires voire paradoxales.
La propreté des ruelles s’invite par la porte arrière dans ces débats : Outremont devient-elle peu à peu un « village Potemkine », avec de belles façades qui masqueraient les souillures dans les ruelles ? Alors que des citoyens demandent à cor et à cri un plan pour la propreté des rues de l’arrondissement, d’autres, plus localement, tentent par tous les moyens de faire prendre conscience à leurs voisins – qui négligeraient la propreté et la salubrité de leur environnement arrière immédiat – des enjeux de santé publique.
Le devoir d’agir
Plusieurs l’expriment haut et fort dans les conseils d’arrondissement et sur d’autres tribunes : « Ça n’a plus de bon sens de laisser ainsi aller à vau-l’eau la responsabilité individuelle et collective de chaque citoyen envers son environnement immédiat et ses voisins ! ». Ces groupes de citoyens demandent au maire de l’arrondissement, à son équipe et à ses employés, de ne pas confondre Devoir et Pouvoir et d’user de son « devoir » d’agir, mandater, vérifier, constater, interpeller et, s’il le faut, amender les contrevenants selon l’application des règlements.
Cela fait plus de deux ans qu’un groupe de citoyens de l’arrondissement communique régulièrement avec le Journal d’Outremont et avec les autorités municipales pour se plaindre d’une situation intenable d’insalubrité probante dans certaines ruelles d’Outremont. On se plaint ici d’ordures ménagères et de divers déchets déposés dans la ruelle à tout moment de la semaine, voire de matières putrides livrées en pâture aux animaux, et qui jonchent le sol pendant plusieurs jours. Et de nombreux matelas parfois… qui accueillent des itinérants en attendant qu’on les ramasse.
Invitation à la faune
Déchets putrescibles, résidus alimentaires, sacs éventrés, couches et serviettes souillées, déchets de bois, produits chimiques, pots de peintures et pneus se répandent autour de poubelles ouvertes ou sans couvercle, ce qui fait le bonheur des ratons-laveurs et des souris. Ces animaux, d’habitude craintifs de l’espèce humaine, se laissent pourtant aisément prendre en photo : c’est dire s’il y en a… et trop ! Allez, un p’tit selfie ?
Chacun reste libre de trier ou pas ses résidus et ses déchets, mais chacun doit les conserver près de lui (balcon ou terrasse, on s’entend), dans une poubelle fermée à l’extérieur et attendre le jour de la collecte pour les déposer dans la ruelle arrière ou devant chez lui. Et ce n’est pas tous les jours !
Des déchets au pied des panonceaux d’interdiction
« C’est de pire en pire : certains jours, la ruelle devient un dépotoir malgré les collectes et ça ne suffit pas », déplore une autre résidante. Certes, une part du problème vient aussi du ramassage inégal des ordures. Les détritus éparpillés des sacs éventrés les jours précédents restent sur le sol après le passage des éboueurs qui auront tenté d’en ramasser le plus gros, d’où l’importance des bacs fermés. Que ce soit le recyclage, le compost ou les ordures, les jours et les heures de collectes sont clairement indiqués sur des panonceaux dans les ruelles, sur le site de l’arrondissement. Y sont indiquées aussi les conséquences du non-respect de ces consignes…
Or, il ne semble exister aucune solution car la situation perdure malgré les doléances répétées des résidants au fil des années. « Malgré tous les messages, avertissements, courriels et appels au 311 et à la sécurité publique, nos voisins ne respectent pas les règles et ne comprennent tout simplement pas que les ordures doivent être mis au bord du chemin le jeudi matin », ont écrit à l’Arrondissement un groupe d’Outremontais. « Ils les sortent en tout temps, quand bon leur semble, au détriment de la planète, de notre quartier, de notre environnement et de notre qualité de vie sans qu’aucun suivi ne soit fait par notre arrondissement. La situation est devenue hors de contrôle. »
L’impuissance de l’arrondissement ?
« Il est désolant de voir ce manque de civilité », a répondu Marie-Claude Leblanc, Directrice des services de l’arrondissement. « J’espère qu’avec les interventions rigoureuses de nos patrouilleurs, nous pourrons rectifier ces comportements inappropriés. » Mais si toute une procédure se met en place au fur et à mesure des plaintes renouvelées (inspection, notification, brigade verte, contraventions, poursuites, etc.), elle ne semble pas suivie d’effets probants.
Cette procédure va-t-elle jusqu’au bout ? L’arrondissement est-il si impuissant devant ce qui est désormais plus qu’une simple question de malpropreté, mais une question de santé publique ? Et que dire de la dépréciation de la valeur des immeubles et de la réputation cossue d’Outremont qui en souffre…
Les résidants qui questionnent la Ville et l’Arrondissement se questionnent aussi sur la meilleure approche pour conscientiser leurs voisins négligents. Est-ce un problème d’éducation ? Une insouciance civique ? Un problème de communication ? Un problème de méconnaissance sanitaire ? Une des plaignantes constate parfois une certaine «contagion» de l’incivilité, par paresse peut-être, par découragement surtout. Une question reste en suspens : Monsieur le Maire, pourquoi des payeurs de taxes doivent-ils se battre pour la simple application d’un règlement municipal ?
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