La propreté, cet acquis disparu
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- ÉDITORIAL
- Publication : 15 septembre 2021
- Par René Soudre
PHOTOS LE JOURNAL D’OUTREMONT
Dans certaines zones de l’arrondissement, il semble que la gestion des déchets soit laissée au bon vouloir des résidants. Des sacs éventrés de matières organiques qui jonchent le sol pendant des jours en pleine canicule, des objets encombrants (toilettes, matelas, micro-ondes) sur le trottoir ou même dans les espaces publics, des papiers qui tapissent les rues… Mais que se passe-t-il?
Depuis toujours, son nom évoque l’élégance, la beauté, l’aisance, la grâce et la fierté. Mais voici qu’Outremont se bute à une épidémie singulière de décrépitude qui écorche sa réputation de milieu de vie sain et agréable. Autrefois ville modèle, aujourd’hui, tristement, c’est l’arrondissement poubelle, dans certaines zones de la partie nord, du moins.
Il n’est pas normal que les contribuables interrogent à répétition leur administration sans qu’elle passe à l’action de façon soutenue pour redresser sa gestion des déchets domestiques.
Après avoir longtemps trébuché sur les amas de détritus dans leurs ruelles, voilà que des citoyens d’Outremont doivent en plus s’inquiéter de l’insalubrité de certaines avenues de l’arrondissement.
Le souci de la propreté et de la salubrité des lieux publics relève d’un savoir-vivre avec lequel nous avons toujours vécu sans jamais nous en préoccuper. Ne devrions-nous pas, par ailleurs, tenir pour acquis que la portion de nos taxes municipales destinée à la gestion des déchets domestiques sert non seulement à assurer le bon état de nos espaces publics, mais contribue également à la sérénité des citoyens?
Pourquoi notre administration tarde-t-elle à résoudre le problème de plus en plus criant des dépôts sauvages d’ordures domestiques sorties hors des heures de collecte, tout comme celui des objets encombrants, alors qu’il existe un chapelet de ressources pour les récupérer, ne serait-ce que les Écocentres? Il y a sept points de service à Montréal.
Pendant la période du déménagement à Montréal, autour du 1er juillet, on ferme les yeux. Mais le reste de l’année, impossible de faire l’autruche. Ce paysage d’ordures est immonde.
Sur l’Île de Montréal, les villes liées comme les autres arrondissements semblent pourtant avoir trouvé une façon de faire pour éviter ces camouflets à l’environnement. Vous n’avez qu’à visiter Ville Mont-Royal, Rosemont ou Westmount pour vous en convaincre. Visiblement, dans ces localités et dans bien d’autres, les cas flagrants de dépôts sauvages semblent rarissimes. La situation est d’autant plus désolante que, abandonnés dans une ruelle ou en bordure d’une avenue, les sacs de déchets éventrés révèlent souvent papier, carton, verre, métal, plastique et parfois résidus alimentaires, qui échappent aux bacs de recyclage et de compostage.
Comment expliquer l’absence de mesures vigoureuses et efficaces pour contrer les périls de cette insalubrité? Comment, en pleine pandémie, peut-on prétendre à quelque transition écologique – telle que prônée par l’arrondissement – sans expliquer la persistance de cette incurie? La propreté de notre environnement est l’affaire de tous (résidant, éboueur, conseil municipal, sécurité publique…). Un conseiller d’arrondissement soucieux du bien-être de ses concitoyens ne doit-il pas se faire un point d’honneur d’arpenter les avenues de son district afin d’y repérer les problèmes de déchets éparpillés pour les signaler sans tarder aux autorités? Le travail des éboueurs ne devrait-il pas être observé avec soin pour mieux en déceler, s’il y a lieu, les failles? La Sécurité publique, dont l’un des mandats porte sur l’application de la réglementation sur les ordures ménagères, ne devrait-elle pas noter toute délinquance et en prévenir aussitôt les autorités compétentes? Enfin, l’arrondissement ne devrait-il pas instaurer un système pour identifier rapidement les contrevenants et leur imposer les sanctions prévues par le règlement?
Au moment où le rapport du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat ) est sorti et que tout le monde s’entend pour dire qu’il est minuit moins une pour l’environnement, ce ne sont pas seulement les multinationales qui doivent repenser leur manière de faire. À plus petite échelle, dans notre propre arrondissement, dès qu’on franchit le seuil de la porte, on doit aussi penser à la Terre, et cela commence par déposer ses sacs à ordures et ses objets encombrants à l’endroit et au moment où il est permis de le faire !
La conseillère du district Joseph-Beaubien et présidente de la Commission sur l’eau, l’environnement, le développement durable et les grands parcs de Montréal, – dont l’un des mandats est la gestion des déchets et du recyclage –, Mme Valérie Patreau, affirme être parfaitement au courant de certains enjeux de salubrité, et que l’arrondissement y travaille en profondeur depuis des mois.
« (…) La pandémie a d’ailleurs mis encore plus en lumière ces situations et nous avons pris plusieurs mesures à court et à moyen termes pour les améliorer », dit-elle. « La sensibilisation est une des mesures les plus importantes à court terme : auprès des résident.e.s, auprès des commerçant.es et auprès des personnes en visite ». En matière de sensibilisation, Mme Patreau soutient avoir mis en branle toute une campagne d’affichage dans les parcs, les ruelles et sur les avenues piétonnes; un aspect qui sera continuellement bonifié afin de rejoindre le plus de gens possible avec les informations pertinentes, notamment le lieu et l’heure des différentes collectes.
Elle ajoute que « Les concepts de la transition écologique et de l’économie circulaire sont encore nouveaux pour une grande partie de la population et plusieurs changements de comportement sont nécessaires ».
Mme Patreau affirme également que l’arrondissement planifie d'autres mesures qui seront annoncées dans les prochaines semaines et prochains mois.
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