À L’IMAGE DE SON RÊVE
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- Publication : 25 mars 2021
- Par Hélène Côté
Ils sont des milliers de jeunes à avoir nourri ici leur ferveur pour la musique, appris à en déchiffrer le langage, à avoir apprivoisé un instrument de musique dans toutes ses subtilités et à en raffiner l’interprétation pour atteindre parfois des sommets. L’École Vincent-d’Indy est l’aboutissement d’une passion pour la musique, celle de sa fondatrice Soeur Marie-Stéphane, pour qui la recherche de la perfection était intimement liée à son aspiration vers l’Être suprême.
Après 90 ans, l’École de musique Vincent-d’Indy est à l’image de son rêve : un professionnalisme aguerri, une équipe d’enseignants hautement qualifiés, des programmes structurés axés sur l’épanouissement de la personne et ouverts sur les réalités de la société. Une école privée agréée par le ministère de l’Éducation du Québec.
Un contexte inspirant
Les magnifiques boiseries d’origine et l’abondante fenestration qu’on a tenu à garder intactes donnent un caractère à la fois mystique et respectueux. Même les planchers qui craquent au passage des élèves participent à l’authenticité. Le 628 de la Côte-Ste-Catherine a été construit en 1903 sous la gouverne des Soeurs des Saints-Noms-de-Jésus-et-de-Marie pour y établir le Pensionnat du Saint-Nom-de-Marie. Depuis 1981, le PSNM partage l’édifice avec l’École Vincent-d’Indy. Ces deux institutions indépendantes ont quelques services et espaces communs, notamment la salle Marie-Stéphane, du nom de la fondatrice de l’École, et la magnifique bibliothèque et musicothèque sous le dôme central de l’édifice qu’on aperçoit de l’extérieur. L’école regroupe cette année 187 élèves et 80 professeurs réguliers, en plus d’un réseau de 250 professeurs affiliés qui enseignent les programmes reconnus par l’École.
Pour des élèves épanouis et des musiciens complets
« La musique ouvre la sensibilité et permet un plus grand développement personnel, notamment l’exercice de l’effort et de la discipline », c’est la conviction de M. Yves Petit, directeur général de l’École et aussi du PSNM. Mis à part les Conservatoires, l’École est la première au Québec à offrir des programmes structurés de musique-études primaires (40 élèves cette année), secondaires (67 élèves) et collégiales (80 élèves) en étroite collaboration avec des institutions de haut-calibre, l’école primaire Saint-Joseph, le PSNM pour le secondaire et le Collège Brébeuf pour l’obtention d’un double DEC. L’école offre aussi un programme préuniversitaire pour l’obtention d’un DEC avec option musique classique ou jazz.
Des 80 élèves inscrits au collégial cette année, autour de 60 % visent l’obtention d’un double DEC et 40 % d’un DEC en musique. Ces derniers sont formés en interprétation, création, technologies, parfois même en jeu scénique et orchestration. « Nous voulons qu’ils soient des musiciens complets », c’est l’objectif du dg de l’École.
Quant à ceux qui optent pour le double DEC avec option Sciences de la nature ou Arts, lettres et communications ou Sciences humaines, s’ils quittent l’apprentissage de la musique, celle-ci ne les quittera pas. « Ça fait de meilleurs médecins », c’est la conviction de M. Petit.
Où s’en va la musique?
Le traditionalisme du bâtiment suggère que l’École Vincent-d’Indy est encore exclusivement dédiée à la musique classique, comme à l’époque. Les temps ont changé. « On travaille moins l’interprétation qu’avant, la création et la technologie prennent plus de place », affirme M. Petit. Des laboratoires de création, des logiciels spécialisés, notamment en notation musicale, un studio d’enregistrement à la fine pointe de la technologie sont là pour faciliter l’apprentissage et stimuler les talents. Les occasions de jouer en groupe sont encouragées, les orchestres et petits ensembles mais aussi les bands. L’école dispose de deux salles professionnelles de concert.
Cette année, environ le tiers des 80 élèves du collégial pré-universitaire ont choisi l’option jazz plutôt que musique classique. D’ici peu, l’école créera peut-être autant de François Bourassa que d’Alexandre da Costa, deux anciens élèves de l’École.
Vers le futur
« Nous sommes là pour préparer un futur à nos élèves », c’est ce que conclut le directeur des deux institutions. Les valeurs de développement durable sont une base ancrée dans l’évolution du PSNM et de l’École Vincent-d’Indy. Le plan Horizon vert, récemment mis de l’avant, est le fruit du travail d’un comité formé d’élèves et des membres du personnel. Le directeur veut en faire un modus vivendi. Réévaluer les sources d’approvisionnement, les modes de fonctionnement de l’école et les valeurs fondamentales comme le respect de la diversité et intégrer le développement durable dans la formation quotidienne, au delà de la musique. Faire des musiciens accomplis, mais surtout des êtres humains responsables, c’est certainement à la hauteur du rêve de la fondatrice de l’École.
Le parcours de Soeur Marie-Stéphane
1888 – Naissance à Saint-Barthélemy de Hélène Côté.
1908 – Elle prend le voile chez les Soeurs des Saints-Noms-de-Jésus-et-de-Marie sous le nom de Soeur Marie-Stéphane.
1920 – La congrégation lui confie la direction des études musicales de la communauté.
1932 – Elle fonde l’École supérieure de musique d’Outremont au 1420 Mont-Royal, dans la maison-mère de la communauté.
1935 - 1936 – Elle part à la découverte des méthodes d’enseignement de la musique en Europe. Elle fait le tour des grandes écoles à Paris, à Londres, à Vienne, à Bruxelles.
1951 – L’École supérieure de musique d’Outremont devient l’École de musique Vincent-d’Indy.
1960 – L’École déménage dans un bâtiment tout neuf dans la montagne, en haut de la côte Bellingham, aujourd’hui l’avenue Vincent-d’Indy.
1973 – Soeur Marie-Stéphane se voit décerner la médaille du Conseil canadien de la musique.
1979 – Elle figure au palmarès des six personnalités les plus marquantes de l’année dans le monde de la musique au Québec.
1981 – Le bâtiment sur Vincent-d’Indy est vendu à l’Université de Monréal. L’École déménage dans l’édifice du Pensionnat du Saint-Nom-de-Marie, au 628 Côte-Ste-Catherine.
1985 – Décès de Soeur Marie-Stéphane, 53 ans après la fondation de l’École Vincent-d’Indy.
2021 – Une avenue située dans le Nouvel Outremont porte désormais le nom de Marie-Stéphane, en hommage à la fondatrice de l’École Vincent-d’Indy.
PHOTOS JOURNAL D’OUTREMONT
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