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Une lettre de M. Pierre Joncas à l’adresse de M. le maire Philipe Tomlinson
« Il faut prendre acte qu’ici, à Outremont, il y a du racisme systémique» 1, avez-vous répondu, le 13 octobre, à la question de Shannon Babcock sur les mesures prises par notre Conseil pour transformer Outremont en « société plus inclusive et plus juste». Parallèlement, notre concitoyenne évoqua la suffocation de George Floyd par un agent de police et le décès poignant de Joyce Echaquan sous le regard méprisant et les paroles insultantes de ses soignantes.
Les allusions de Mme Babcock portent à imaginer une crise à peine moins alarmante à Outremont qu’à Minneapolis, et un dédain pour notre minorité hassidique comparable à celui d’employées atypiques de l’hôpital de Joliette pour une autochtone. La suffisance de votre réponse conforte cette impression.
Je suis disposé à accepter que les propos de notre concitoyenne étaient irréfléchis, et votre réponse de même. Vous êtes cependant maire : n’est-ce pas votre rôle d’atténuer l’animosité, non de l’alimenter et d’intensifier la polarisation malsaine qui nous déchire?
Examinons les présupposés de la question et de votre réponse à la lumière des faits.
D’abord, le présupposé de l’ exclusion que les résidants majoritaires d’Outremont seraient coupables d’infliger à la minorité hassidique de l’arrondissement.
Le 24 novembre 2013 à l’émission Second Regard, le rabbin Eliezer Franfurter expliqua que le hassid recherche Dieu sans relâche et avec enthousiasme. Ce rabbin s’estime gardien d’une vérité transmise par Dieu à Moïse sur le mont Sinaï. Sa tâche, ajoute-t-il, est de la préserver et de la perpétuer, de protéger ses ouailles contre les influences hérétiques corruptrices de l’extérieur, c’est-à-dire les nôtres. « On est quand même dans un pays avec des gens qui ont d’autres cultures, poursuit-il […] D’avoir vraiment une relation tout à fait hétérogène – on va tout partager, puis on va vivre comme tout le monde – c’est impossible, c’est inconcevable. Et on est obligés d’avoir […] une certaine attitude qui est : “OK. Nous on vous dérange pas, mais surtout ne nous dérangez pas.” » Qui cherche à exclure qui? Si, par respect pour le souci de fidélité des ultra-orthodoxes aux préceptes de leur rabbin, la majorité se tient à leur écart, n’est-il pas malséant de le lui reprocher?
Ensuite, le présupposé du racisme systémique.
Vous affirmez que le racisme systémique existe « depuis des années […] dans nos rues, nos ruelles, nos parcs ». L’allégation est grave. Auriez-vous, ainsi que votre Comité de voisinage et votre Table de concertation, conclu à son existence avant même d’avoir étudié la question? Quelle assurance aurons-nous de l’objectivité des membres de ces corps consultatifs? Précisez, s’il vous plaît, votre interprétation de l’expression « racisme systémique ». Reconnaître que « c’est complexe et large » ne suffira pas. Comme l’a noté Nicolas Boileau, « Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement ».
Pierre Joncas
1http://journaloutremont.com/nouvelles/vie-municipale/a-outremont-il-y-a-du-racisme-systemiquePartagez sur
Commentaires
Avec cette histoire de racisme systémique, Projet Montréal perdra mon vote aux prochaines élections.