Réponse au communiqué du 2 juin de la conseillère Mindy Pollak
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- COURRIER DES LECTEURS
- Publication : 17 juin 2015
- Par Pierre Joncas
Dans un communiqué, diffusé le 2 juin, chapeauté du titre « L’Équipe Denis Coderre vote contre un projet de logements abordables à Outremont», la conseillère Mindy Pollak du district Claude-Ryan « dénonce vivement les actions du Conseil d’Outremont au sujet de la Coopérative Le Suroît, un projet de logements abordables qui, depuis 2009, tente de recevoir la bénédiction locale afin d’accueillir de nouvelles familles à Outremont». Ce titre et cette dénonciation foisonnent d’exagérations et de faussetés.
Le Conseil a accepté depuis longtemps le principe d’une coopérative de logement à Outremont. Les modifications adoptées à la résolution du 4 mai, confirmées le 1er juin, avaient pour objet et pour effet d’assurer le respect des intérêts légitimes des voisins et de l’arrondissement.
En régime démocratique, la responsabilité de prendre les décisions relève des élus. Les fonctionnaires ont pour tâche de conseiller, voire de recommander, puis de mettre en œuvre ces décisions consciencieusement. Les élus sont révocables, leur mandat étant sujet à renouvellement périodique; les fonctionnaires sont pratiquement inamovibles. À Outremont, le Conseil est l’ultime responsable des intérêts des citoyens. Un de ses devoirs est de faire obstacle aux injustices envers les personnes et les groupes en situation vulnérable.
Les devis de la Coopérative le Suroît ont été soumis aux experts de la fonction publique pour étude il y a longtemps; leur forme finale ne fut présentée au Conseil que sur le tard. Le 4 mai, les conseillères, y compris Mme Pollak, ont autorisé la vente du terrain où seraient érigés les logements coopératifs, mais en assortissant leur décision de conditions pour assurer le respect des intérêts légitimes des voisins et de l’arrondissement.
Vu le véto subséquent de la mairesse (la loi l’y autorise), il a fallu, le 1er juin, resoumettre cette approbation conditionnelle à un vote du Conseil. Elle a été avalisée de nouveau, cette fois à la majorité, 3 contre 2, la mairesse et la conseillère Pollak s’y opposant.
Le communiqué de Projet Montréal affirme que c’est la fin du rêve d’une coopérative sur le site du stationnement Manseau. C’est faux.La résolution adoptée réserve toujours le terrain de stationnement Manseau à la Coopérative le Suroît. De la sorte, celle-ci pourra revenir au Conseil avec de nouveaux devis conformes aux conditions énoncées.
M mePollak déplore à la fois le refus de Marie Potvin d’appuyer le projet de coopérative et son appui aux amendements demandés par les conseillères indépendantes. N’a-t-elle pourtant pas, elle-même, voté pour la même résolution assortie des mêmes amendements il y a quatre semaines à peine? Qu’elle change son vote, c’est son droit incontestable; qu’elle soit en désaccord avec la décision de M mePotvin de maintenir sa position, passe encore; mais il est insensé et inconvenant qu’elle déplore la constance de sa collègue. Il importe aussi de souligner que, sur le fond, son commentaire au sujet de M mePotvin est profondément injuste. Avant le vote, celle-ci a exprimé, avec indignation émue, son désolément devant « toute cette saga » et la mauvaise gestion du projet; sa tristesse à l’endroit à la fois des gens de la coopérative et des résidants de l’édifice voisin; et son vœu que soit trouvé un consensus acceptable à tous afin d’assurer pour l’avenir la qualité de ce milieu (voir à WEBTV.COOP la rediffusion du Conseil du 1er juin de 2h12:55 à 2h13:34, environ).
« Une limite sur le nombre d’enfants acceptés dans un projet », lit-on dans le communiqué, est un non-sens et, à la limite, un affront à des citoyens voulant s’établir chez nous ». Contrairement à cette affirmation, la résolution n’impose aucune limite sur le nombre d’enfants qui seraient acceptés dans la coopérative. À la lumière des statistiques économiques de l’arrondissement et des besoins qui en ressortent, la résolution amendée privilégie des unités de logement de petite taille aptes à accueillir les personnes seules, les familles monoparentales et les familles d’un ou deux enfants : privilégier les uns, non exclure les autres. Fausser ainsi le sens de la résolution est odieux. Et « chez nous »? Tout en représentant un de nos districts, ce qu’autorise la loi, Mme Pollak ne réside pas à Outremont.
Le communiqué ajoute : « En plus de projeter l’image qu’Outremont est un arrondissement fermé sur lui-même, cette décision ouvre la porte à des procédures judiciaires. » C’est une image fausse que Mme Pollak et ce communiqué contribuent à propager, soit sciemment – auquel cas ce serait de la malhonnêteté –, soit inconsciemment – alors ce serait de l’incompétence. Eu égard à d’éventuelles poursuites judiciaires, leur évocation est un recours non dissimulé à l’intimidation. Si, à la lumière des raisons justifiant l’adoption des amendements attaqués par Mme Pollak, le péril de procédures judiciaires existait vraiment, les avocats de l’arrondissement se seraient fait un devoir d’en prévenir les élues.
L’accusation implicite dans le communiqué à l’endroit de l’Équipe Coderre est tendancieuse et injuste. L’accusation aurait-elle pour fin de promouvoir les intérêts de Projet Montréal dans la ville? Comme le communiqué émane de son service de presse, faut-il en conclure que la conseillère Pollak reçoit ses directives de Luc Ferrandez et vote conformément à ses ordres? Faut-il en conclure que, quand elle prend la parole et vote au Conseil d’Outremont, elle y représente non ses électeurs, mais son parti? Comme le maire Coderre, M. Ferrandez, à tout le moins on peut le souhaiter, serait scandalisé de l’apprendre. Le chef de l’Opposition officielle à Montréal serait sage de rappeler à l’ordre Mme Pollak et l’attachée de presse responsable de ce communiqué.
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