L’odonyme Thérèse-Lavoie-Roux, un mauvais choix
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- Champs libre
- Publication : 7 septembre 2018
- Par M. Normand Lester
L’Université de Montréal a accepté que l’axe central de son nouveau campus sur le site de l’ancienne gare de triage d’Outremont porte l’odonyme « Avenue Thérèse-Lavoie-Roux » au lieu de celui d’un de ses plus éminents anciens professeurs, l’Outremontais Pierre Dansereau.

L’U de M et son recteur affichent encore une fois un mépris arrogant pour tout ce qui est Outremont et je propose qu’en tant qu’Outremontais on s’en souvienne et qu’on leur rende la pareille.
D’abord, voici deux autres exemples récents de ce mépris effronté. L’ U de M a donné le nom de Campus MIL plutôt que Campus Outremont à son nouveau complexe des sciences. Elle a aussi accepté de donner un nom mohawk à un parc situé sur le terrain qui lui appartient au « Sommet Outremont » alors qu’elle aurait dû lui donner un nom autochtone lié à l’histoire de Montréal. « Tutonaguy » par exemple. Les Mohawks sont des Américains qui n’ont rien à voir avec le Québec. Sinon d’avoir mené des campagnes d’extermination contre les indigènes d’ici alliés des Français.
Mais revenons au cas Pierre Dansereau. L’Université de Montréal a ainsi désavoué de façon impudente un de ses plus illustres professeurs acceptant plutôt de donner le nom de Thérèse Lavoie Roux à l’avenue sur laquelle est situé son nouveau Complexe des Sciences. Madame Lavoie-Roux était une bonne, honnête et sympathique personne à ne pas en douter. Mais la trace qu’elle laisse dans l’histoire est anecdotique : celle d’avoir été ministre libérale à Québec et sénatrice conservatrice à Ottawa. Le critère décisif dans son choix est qu’elle était une femme. Rien d’autre ne l’explique ou ne le justifie. La rectitude politique qui étouffe notre époque l’exigeait et l’opération Toponym’Elles l’a imposé.
Voici quelques-unes des réalisations qui méritaient à Pierre Dansereau d’avoir son nom sur la rue où est située la Faculté des Sciences qu’il a lui-même dirigée dans les années 50. Il fut aussi directeur de l’Institut botanique de l’université qui aujourd’hui le renie de façon éhontée. Grand scientifique et humaniste, Pierre Dansereau, est considéré comme un des pères de l'écologie moderne. Il est né et a vécu une grande partie de sa vie à Outremont. Directeur adjoint du Jardin botanique de New York, il enseigna aussi la botanique et la géographie à l’Université Columbia. Comment le recteur et l’U de M peuvent ainsi insulter sa mémoire ?
S’il fallait absolument donner le nom d’une femme à cette avenue, je suggérerais celui de Blanche van Ginkel, une grande architecte et urbaniste qui a enseigné à l’Université de Montréal. Alors qu’elle travaillait à l'Atelier Le Corbusier à Paris en 1948, elle a participé à la création de la célèbre Cité radieuse de Marseille, un chef-d’œuvre du modernisme architectural. Elle fut la première femme à siéger au conseil d'administration et au bureau exécutif de l'Ordre des architectes du Québec. Doyenne de la faculté d'architecture de l’Université de Toronto de 1980 à 1982, elle fut la première femme à occuper un tel poste au Canada. Mais, j’en suis sûr, les roides militantes qui dictent les choix de Toponym’Elles n’ont jamais entendu parler de Blanche van Ginkel. Pas plus que les timides et chafouins responsables de l’U de M qui se sont docilement soumis à leurs dictats.
J’espère que tous les Outremontais se rappelleront de ces faits la prochaine fois que l’U de M sollicitera leur générosité ou leur soutien. Ce sera à notre tour de lever le nez sur l’université et son recteur, s’il est encore là. Moi en tout cas, je m’en souviendrai.
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