Trente ans déjà
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- Publication : 1 mai 2019
- Par M. Léon Gagnon
Je soumets ici un document qui présente des faits de la proche histoire et montre que nous vivons dans un continuel renouvellement… ou constante stagnation.
À l’automne 1989, des citoyens de la rue Durocher ont présenté une pétition au conseil de la municipalité d’Outremont. Ils s’opposaient à l’ouverture d’une deuxième synagogue dans leur voisinage immédiat, soit au coin nord-ouest des rues Durocher et Lajoie. Ces citoyens s’étaient installés dans le quartier et ils n’avaient pas de problème avec la présence d’une synagogue au coin nord-est de cette intersection. Mais une deuxième synagogue, juste en face de la première : il n’en est pas question.
À cette époque se tenait une première commission du Vivre-ensemble (ou Bon voisinage), nommée à ce moment Comité intercommunautaire. Comme il se doit, les citoyens y ont porté leurs doléances, dont le texte apparaît plus bas. Trente ans plus tard la lecture du document est intéressante du fait qu’elle montre la continuité des revendications citoyennes.
« Monsieur Da Sylva
[responsable du comité intercommunautaire, aujourd’hui décédé]
La présente vous est adressée ainsi qu’au comité intercommunautaire, dans le but de connaître les raisons motivant l’ouverture d’une nouvelle synagogue au coin de Durocher et de Lajoie, à l’encontre des règlements municipaux sur le zonage résidentiel du quartier.
Nous sommes un groupe de citoyens nouvellement constitué dont le but est de préserver et d’améliorer la qualité de vie de notre quartier. Notre intervention, tout en s’inscrivant dans le respect du caractère multi-ethnique du quartier, vise d’abord à sensibiliser tous les citoyens à la valeur et au maintien des qualités architecturales et à la qualité de vie en général : bruit, circulation automobile, environnement visuel, etc.
Conséquemment, nous croyons que cette nouvelle synagogue, tout comme l’ouverture d’un restaurant cachère ou d’une croissanterie initialement prévus, risquent d’affecter d’avantage la relative et fragile tranquillité du secteur.
De plus, l’apparente stratégie consistant à annoncer l’ouverture d’un restaurant cachère pour ensuite en transformer la vocation en synagogue, nous laisse songeurs. Vise-t-on simplement à imposer de fait une synagogue par le détournement du permis de restauration initialement prévu et ce contre la volonté même de la municipalité, ou encore fait-on le calcul que l’indifférence manifestée par les citoyens concernés à l’ouverture d’un restaurant, les empêcherait éventuellement d’invoquer quelques raisons que ce soit contre sa transformation en synagogue ?
Quoiqu’il en soit, ce projet met en lumière l’apparente mauvaise foi des promoteurs de ce projet, à qui nous demandons de s’expliquer publiquement et ce dans l’intérêt général. Nous croyons à la concertation, aux vertus de tolérance et du bon voisinage, en autant que le dialogue puisse s’établir, dans le respect mutuel et la confiance. Dans cet esprit nous apprécierions rencontrer des représentants de la communauté Amour pour Israël afin de discuter en toute franchise des questions soulevées.
En annexe nous vous remettons une copie de l’adresse lue en période de questions de l’Assemblée du conseil municipal du 6 novembre 1989, faisant état de nos différentes préoccupations et des objectifs de notre action.
Signé : Des citoyens de la rue Durocher.
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