Le Collège Stanislas, Au cœur de l’histoire
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- PATRIMOINE
- Publication : 10 décembre 2018
- Par Hélène Côté
1938 – Nous sommes aux portes de la Deuxième Guerre mondiale. Montée des nationalismes en Europe, la droite a le vent dans les voiles et beaucoup d’adeptes. Au Québec, Maurice Duplessis poursuit depuis 1936 un long règne sur les destinées de la province jusqu’en 19591, une période qu’on qualifiera de Grande Noirceur tant l’ouverture sur le monde est étroite.
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Le terrain n’était pas propice à la venue d’une institution éducative indépendante comme le Collège Stanislas, laïque de surcroît, qui ose les professeurs de sexe féminin dans un collège de garçons... Sous l’égide du Ministère de l’Éducation nationale de France et menant au baccalauréat français, le Collège Stanislas à Outremont fut l’heureux dénouement d’efforts soutenus du sénateur canadien Raoul Dandurand. Le parc situé sur la rue Van Horne devant la façade nord porte son nom.
Outremont, 1938 – La population de la ville atteint des sommets nouveaux, 28 691 selon le recensement de 1931, dont une grande partie anglophone, issue d’un important contingent de gens d’affaires d’origine juive. Le Collège s’installe d’abord au 831 Rockland dans un bâtiment construit en 1912 pour Bell Téléphone. À la grande surprise des maîtres d’oeuvre du projet qui espéraient deux douzaines d’inscriptions la première année, on atteint les 120 élèves dès la rentrée scolaire de septembre 1938. Un grand succès pour l’établissement laïc, signe qu’il était attendu.
Le bâtiment principal sur boulevard Dollard a ouvert ses portes en 1941. Par la suite, plusieurs agrandissements se sont succédé, le petit collège, juste en face, s’est ajouté à l’établissement en 1957, la dernière récente œuvre majeure fut le renouvellement tout de verre de la façade sur Dollard en 2018. « À vol d’oiseau, le Collège est situé aujourd’hui au centre d’un axe pédagogique névralgique, entre le pavillon principal de l’UdeM au sud et le nouveau Campus MIL au nord », rappelle le directeur actuel, M. Philippe Warin.
Sur la rue Van Horne, le cadre résidentiel de 1938 était à peu près ce qu’on voit aujourd’hui, mais le secteur commercial était à ses premiers balbutiements. Des générations de commerces y ont eu pignon sur rue pour offrir des services aux élèves et à leurs parents. À l’automne 2018, 2684 élèves étaient inscrits au Collège, une petite société en soi, qui décuple l’activité du quartier aux heures de pointe. Les restos midi, services de nettoyage de vêtements, papeterie et fournitures scolaires, coiffeurs, boulangeries et pâtisseries, sont nombreux dans le quartier. Dès la fin des années 1930, la pâtisserie-confiserie Chez Maxime faisait déjà de bonnes affaires sur la rue 2. Encore aujourd’hui, la proximité de Stanislas est un excellent argument de vente pour les courtiers immobiliers. De fait, la population d’origine française à Outremont est la plus importante après celle qui est née au Canada, d’après le recensement de 2016, sans compter les résidants de langue française originaires du Liban et du Maroc.
Enfin, des personnages exceptionnels ont transité par le Collège, des hommes et femmes d’affaires, des artistes et des personnages politiques qui ont fait de brillantes carrières. Quatre premiers ministres du Québec y ont complété leurs études, Jacques Parizeau, Philippe Couillard, Daniel Johnson et Pierre-Marc Johnson, son frère, ainsi que plusieurs ministres, pour ne citer que Raymond Bachand et Jacques-Yvan Morin. Valéry Giscard D’Estaing y a enseigné avant de devenir Président de la République française.
M. le directeur Philippe Warin, ancien élève de Stan, exprime sa fierté pour la très fructueuse collaboration entre le Collège et Outremont, ville et arrondissement, depuis toutes ces années.
Sources : Collège Stanislas : stanislas.qc.ca/montreal1- Sauf entre 1939-1945 - Dictionnaire biographique du Canada, biographi.ca/fr/bio/duplessis
2- Spécial rue Van Horne, Journal d’Outremont, Vol. 4 No 2, Été 2014.
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