Des propos jugés insultants
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- COURRIER DES LECTEURS
- Publication : 31 janvier 2022
Le Journal d'Outremont vous encourage à nous communiquer vos lettres d'opinion. La rédaction se réserve le droit d'éditer les textes qui lui sont soumis pour en faciliter la lecture et la compréhension. Ne seront retenus que les textes sur des sujets pertinents, utilisant un langage non-discriminatoire, non-injurieux et écrit dans un français correct. Le Journal d'Outremont se dégage totalement des propos publiés et n'assume aucune responsabilité quant à leur contenu. Vous pouvez nous communiquer votre missive par courriel en y indiquant votre nom et votre adresse. Nous publierons le nom du signataire de la lettre mais non son adresse. Les lecteurs pourront réagir à un propos en cliquant sur Ajouter un commentaire.
Le Journal d’Outremont a reçu cette communication par courriel provenant du Conseil des Juifs Hassidiques du Québec (CJHQ), en réaction à la publication dans nos pages le 19 janvier dernier d’une lettre d’opinion signée Alain Findeli, jugée injurieuse et discriminatoire. Nous publions ici intégralement la lettre de la CJHQ. Elle sera suivie d’un message du directeur du journal d’Outremont.

Monsieur René Soudre,
Éditeur,
Le Journal d’Outremont,
CP 48579,
CSP Outremont
Qc.H2V-4T3
Le 19 janvier, vous avez accepté de publier, dans la section courrier des lecteurs de votre journal, une lettre signée par le citoyen Alain Findeli et adressée au maire de l'arrondissement.
En introduction, la direction de votre journal indique que vous n'acceptez de publier que les textes qui seront pertinents, en utilisant un langage non discriminatoire, non injurieux et écrit dans un français correct.
Nous nous permettons d'affirmer que le texte soumis par le citoyen Findeli est discriminatoire et injurieux envers nos communautés.
L'auteur tient des propos éculés envers les juifs ultra-orthodoxes qui habitent dans le territoire que vous couvrez.
Il est de votre responsabilité, en tant qu'éditeur, de vous assurer que ce qui est écrit dans vos pages respecte la dignité des personnes et ne soit pas discriminatoire.
Le code d'éthique garantissant votre industrie vous enjoint d'éviter de publier des lettres qui deviennent des tribunes de diatribes qui n'ont d'autre effet que de porter atteinte à la réputation de personnes ou de groupes.
Les propos insultants tenus par le citoyen Findeli dans cette lettre ne sont pas dignes de la réputation de votre journal et de son lectorat.
L'utilisation de représentations ou de termes qui tendent, sur la base d'un motif discriminatoire, à susciter ou à attiser la haine et le mépris, à encourager la violence et à entretenir les préjugés sautés aux yeux dans cette lettre que vous auriez dû refuser de publier.
Que l'on remette en question le bien-fondé de la politique d'un commerçant, il y a là matière à discussion, comme sur d'autres sujets. Nous avons à plusieurs reprises pris la parole pour expliquer le pourquoi de nos politiques.
Le dialogue seul peut nous permettre d'évoluer.
Nos communautés travaillent très fort pour ouvrir le dialogue entre nous.
Nous participons aux efforts consentis par l'arrondissement pour trouver des solutions aux nombreux irritants qui se sont posés ici et là dans l'apprentissage de notre cohabitation.
Mais ce n'est évidemment pas l'objectif recherché ici par l'auteur de cette lettre. Il se sert de la politique d'un commerçant pour lancer sa charge, pour nous insulter et insuffler un vent d'intolérance qui nuit à la paix sociale de nos quartiers.
Le lecteur retrouvera à la fin de la lettre du citoyen Findeli la théorie du remplacement des groupes fondateurs par des minorités envahissantes, de quoi, encore une fois, générer méfiance et hostilité à notre prévisible.
Aurait-il osé tenir des propos similaires envers les autochtones, ou d'autres groupes minoritaires, sans être accusé d'intolérance, de racisme ?
Pourquoi se permet-il de le faire envers nous ?
Votre journal a le devoir de participer de façon éclairée à la vie démocratique.
Nous vous demandons par la présente de vous excuser d'avoir approuvé la publication de propos discriminatoires envers les communautés juives hassidiques d'Outremont.
La simple publication de notre point de vue ne nous apparaît pas suffisante pour réparer les dommages que vous êtes subis par votre lésion.
Sam Muller
Le Conseil des Juifs Hassidiques du Québec.
Réponse du directeur du Journal d’Outremont
Cher M. Muller,
En réponse à votre lettre du 26 janvier dernier, je me permets ici d’apporter ces quelques précisions.
Le Journal d’Outremont est un journal impartial, non-partisan et non-confessionnel, qui prête ses pages à la libre expression des citoyens sous la rubrique Courrier des lecteurs. Dans un souci de transparence et de démocratie, le journal n’endosse ni ne rejette les missives reçues pourvu que celles-ci portent sur des sujets pertinents, en utilisant un langage non-discriminatoire et non-injurieux, comme il est précisé en préambule de chaque lettre publiée.
Cela dit, il est important de préciser que le contenu d’une lettre reçue reflète l’opinion d’un citoyen – ou d’un groupe de citoyens – et que cette opinion n’est pas forcément celle du journal, comme il est clairement indiqué en préambule de chaque lettre publiée : « Le Journal d'Outremont se dégage totalement des propos publiés et n'assume aucune responsabilité quant à leur contenu ».
Dans la lettre reçue au journal provenant du Conseil des Juifs hassidiques du Québec et signée de vous, et dans laquelle vous estimez l’opinion de M. Alain Findeli comme étant discriminatoire et injurieuse, intitulée « Lettre au maire d’Outremont », je puis comprendre votre indignation. Vous avez tout à fait raison, M. Findeli aurait dû s’en tenir aux faits –comportement d’un commerçant face aux mesures sanitaires – et certainement pas élaborer autour d’une quelconque théorie.
La direction du Journal d’Outremont est attristée d’apprendre que des concitoyens de la communauté juive hassidique d’Outremont ont pu être blessés par les propos de M. Findeli, car cela heurte les valeurs du Journal d’Outremont, dont la mission première est de valoriser et de promouvoir notre arrondissement dans le respect de la vie démocratique et dans un esprit d’égalité pour tous ses citoyens.
Soit dit en passant, il est rassurant de lire dans votre lettre que « Nos communautés travaillent très fort pour ouvrir le dialogue entre nous » et que « Nous participons aux efforts consentis par l'arrondissement pour trouver des solutions aux nombreux irritants. »
Par conséquent, après étude de la situation, pour avoir été vecteur de diffusion de cette lettre, la direction du journal d’Outremont tient à s’excuser auprès des membres de la communauté juive hassidique d’Outremont, mais aussi auprès de tous ceux qui ont été offensés par ces propos.
Cette vive réaction de votre organisme nous invite à réfléchir sur les opportunités de rapprochement et de collaboration et nous rappelle à notre devoir de vigilance à l’égard des minorités vivant dans notre communauté, et de rester constamment à l’affût de toutes publications dans nos pages qui pourraient être discriminatoires.
Respectueusement,
René Soudre
Éditeur
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